LEADERSHIP
"... l'enthousiasme des fondateurs ..." — Diderot
AM | @HDI1780
L'Histoire des deux Indes contient toute une théorie du « leadership ». C'est un aspect peu connu du livre. J'ose même dire que c'est un trait généralement négligé (à tort) dans les études sur les idées politiques au XVIIIe siècle. J'essaye de développer les principaux éléments de cette théorie du leadership dans El best-seller que cambió el mundo. Un des ses principaux aspects est le paradoxe selon lequel le leader ou « fondateur de nations », un être rempli d'ambition et de passions, est à la fois doué d'une (rare) capacité d'auto-contrôle.
C'est l'image de Lysimaque, le seul écrit publié par Montesquieu à son nom [voir]. Dans ses notes sur l'Essai sur les règnes de Claude et de Néron, Wilhelm von Humboldt remarque : « Ueber die Moral. IX. 215. Qu'est-ce que la vertu? C'est sous quelque face que l'on la considère, un sacrifice de soi-même » [voir]. Tout ceci pose la question du leadership de George Washington aux États-Unis. Attentif lecteur de l'Histoire des deux Indes, Washington est mentioné par Diderot : « Leur chef, Wasington ... » (HDI 1780, xviii.46).
Affaire à suivre...
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Friday, May 31, 2013
Thursday, May 30, 2013
DIDEROT
"...un véritable enthousiasme..." — Diderot
AM | @HDI1780
Nous avons reçu cette communication à propos du nouveau livre de Gianluigi Goggi, De l'Encyclopédie à l'éloquence républicaine. Étude sur Diderot et autour de Diderot, publié ces jours-ci par Honoré Champion:
"...un véritable enthousiasme..." — Diderot
AM | @HDI1780
Nous avons reçu cette communication à propos du nouveau livre de Gianluigi Goggi, De l'Encyclopédie à l'éloquence républicaine. Étude sur Diderot et autour de Diderot, publié ces jours-ci par Honoré Champion:
Une place particulière dans l’analyse est prise par l’attention prêtée au décryptage de certaines images du langage politique du Philosophe. La dernière partie du recueil vise à présenter l’importance que prend la référence au modèle révolutionnaire anglais et le recours à l’éloquence « républicaine » dans la collaboration de Diderot à l’Histoire des deux Indes de l’abbé Raynal.
* * *
Gianluigi GOGGI
DE L'ENCYCLOPÉDIE
À L'ÉLOQUENCE RÉPUBLICAINE
Étude sur Diderot
et autour de Diderot
PARIS
HONORÉ CHAMPION ÉDITEUR
www.honorechampion.com
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Wednesday, May 29, 2013
"AN EXTRAORDINARY BEST-SELLER BY ANY BIBLIOMETRIC MEASURE"
"...bibliometric events..." — Mark Curran
AM | @HDI1780
On his Twitter account yesterday [@c18booktrade], Mark Curran announced the publication of his research work on the double-entry account books of Société typographique de Neuchâtel (STN) (*). Following my immediate RT, Mr Curran tweeted back in reference to Histoire des deux Indes:
@HDI1780 Indeed, and thanks! A remarkable book and extraordinary best seller by any bibliometric measure.
The article is certainly worth the attention of anyone interested in French book history circa 1780. On page 98, the author draws up the list of the STN's overall top-ten clandestine best-sellers:
2. Contrat conjugal, Jacques Le Scène-Desmaisons –4,164
3. Histoire des deux Indes, Guillaume-Thomas-François Raynal –3,684
4. Questions sur l’Encyclopédie, Voltaire –2,511
5. Dissertation sur l’établissement de l’abbaye de S. Claude, Charles-Gabriel-Frédéric
Christin–2,504
6. Requête au Conseil du Roi, Simon-Nicolas-Henri Linguet –2,201
7. Dieu, Voltaire –2,187
8. Système de la nature, D’Holbach–1,972
9. De la verité, Jaques-Pierre Brissot de Warville –1,930
10. L’an 2440, Louis-Sébastien Mercier –1,904
Mr Curran adds: "Specialists will remark that these top-tens do not wildly differ from those presented in Robert Darntons's The forbidden best-sellers and The corpus of clandestine literature. Mercier, Voltaire, d'Holbach, Raynal, and Brissot all occupy plum positions [...] Erotic works comprised only 10.7 per cent of the STN’s illegal sales and those railing against despotism just 3.6 per cent. Instead, the themes of a higher Enlightenment –philosophy (32 per cent), religion (24 per cent), politics (20 per cent), social issues (20 per cent), current affairs (17), and social mores (17 per cent) –dominated the society’s illegal shipment".
(*) Mark Curran: "Beyond the Forbidden Best-Sellers of Pre-Revolutionary France", The Historical Journal, 56, 1 (2013) pp. 89-112.
"...bibliometric events..." — Mark Curran
AM | @HDI1780
On his Twitter account yesterday [@c18booktrade], Mark Curran announced the publication of his research work on the double-entry account books of Société typographique de Neuchâtel (STN) (*). Following my immediate RT, Mr Curran tweeted back in reference to Histoire des deux Indes:
@HDI1780 Indeed, and thanks! A remarkable book and extraordinary best seller by any bibliometric measure.
* * *
The article is certainly worth the attention of anyone interested in French book history circa 1780. On page 98, the author draws up the list of the STN's overall top-ten clandestine best-sellers:
1. Tableau de Paris, Louis-Sébastien Mercier –14,065 (sales)
2. Contrat conjugal, Jacques Le Scène-Desmaisons –4,164
3. Histoire des deux Indes, Guillaume-Thomas-François Raynal –3,684
4. Questions sur l’Encyclopédie, Voltaire –2,511
5. Dissertation sur l’établissement de l’abbaye de S. Claude, Charles-Gabriel-Frédéric
Christin–2,504
6. Requête au Conseil du Roi, Simon-Nicolas-Henri Linguet –2,201
7. Dieu, Voltaire –2,187
8. Système de la nature, D’Holbach–1,972
9. De la verité, Jaques-Pierre Brissot de Warville –1,930
10. L’an 2440, Louis-Sébastien Mercier –1,904
Mr Curran adds: "Specialists will remark that these top-tens do not wildly differ from those presented in Robert Darntons's The forbidden best-sellers and The corpus of clandestine literature. Mercier, Voltaire, d'Holbach, Raynal, and Brissot all occupy plum positions [...] Erotic works comprised only 10.7 per cent of the STN’s illegal sales and those railing against despotism just 3.6 per cent. Instead, the themes of a higher Enlightenment –philosophy (32 per cent), religion (24 per cent), politics (20 per cent), social issues (20 per cent), current affairs (17), and social mores (17 per cent) –dominated the society’s illegal shipment".
(*) Mark Curran: "Beyond the Forbidden Best-Sellers of Pre-Revolutionary France", The Historical Journal, 56, 1 (2013) pp. 89-112.
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Tuesday, May 28, 2013
POLICY RISK
"Il y a des expédients pour tout" — Montesquieu
AM | @HDI1780
More on the 'institutional' theory of credit markets. The following passage comes from Montesquieu's Dossier de l'Esprit des lois, as edited by Roger Caillois in 1949:
354* (1739. III, f 54 V). — Sur le Crédit public dans le gouvernement populaire. — Ceux qui gouvernent sont ordinairement plus ménagers de l'argent public, parce qu'ils le sont plus du leur : ils ont moins de passions, moins de fantaisies et, par conséquent, moins de besoins. Dans le gouvernement d'un seul, la ruine du crédit public peut venir d'une action imprudente, d'un avantage momentané ou d'un mauvais conseil.
Thus, unstable credit markets in despotic governments result not only from weak property rights, but also from the arbitrary nature of the decision-making process (*). Policy risk, anyone?
(*) Montesquieu's comments come just after the mise en scène of a "visir" who dreams up ambitious economic plans to improve the financial situation of dey Méhémet-Géry (353*). It may well be the source of Diderot's own visir story in Histoire des deux Indes (1780, xix.10, p. 388): "Comment l’homme qui a mal géré ses propres affaires, administrera-t-il celles d’un grand état?"
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AM | @HDI1780
More on the 'institutional' theory of credit markets. The following passage comes from Montesquieu's Dossier de l'Esprit des lois, as edited by Roger Caillois in 1949:
354* (1739. III, f 54 V). — Sur le Crédit public dans le gouvernement populaire. — Ceux qui gouvernent sont ordinairement plus ménagers de l'argent public, parce qu'ils le sont plus du leur : ils ont moins de passions, moins de fantaisies et, par conséquent, moins de besoins. Dans le gouvernement d'un seul, la ruine du crédit public peut venir d'une action imprudente, d'un avantage momentané ou d'un mauvais conseil.
Thus, unstable credit markets in despotic governments result not only from weak property rights, but also from the arbitrary nature of the decision-making process (*). Policy risk, anyone?
(*) Montesquieu's comments come just after the mise en scène of a "visir" who dreams up ambitious economic plans to improve the financial situation of dey Méhémet-Géry (353*). It may well be the source of Diderot's own visir story in Histoire des deux Indes (1780, xix.10, p. 388): "Comment l’homme qui a mal géré ses propres affaires, administrera-t-il celles d’un grand état?"
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Sunday, May 26, 2013
FOUR LETTERS
"...tout le bien tourne en mal" — Ferdinando Galiani
AM | @HDI1780
[1] Hume to Morellet. David Hume writes to abbé Morellet about the Prospectus of the latter's Dictionnaire du commerce (*). Hume briefly discusses the nature of money, and directs the attention of Morellet to the paper currency of Pennsylvania, backed by land. He then proceeds to rail against the "economists" (the physiocrates): "But I hope that in your work you will thunder them, and crush them, and pound them, and reduce them to dust and ashes ! They are indeed, the set of men most chimerical, and most arrogant that now exist, since the annihilation of the Sorbonne. I ask your pardon for saying so, as I know you belong to that venerable body. I wonder what could have engaged our friend, M. Turgot, to herd among them ; I mean, among the economists ; tho I believe he was also a Sorbonnist..."
(*) David Hume to André Morellet, 10 July 1769. David Hume. Writings on Economics, Eugene Rotwein (ed.). New Brunswick: Transaction Publishers, 2007, pp. 215-216.
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[2] Jovellanos a Villanueva del Prado. A finales de 1810, Jovellanos no esconde su decepción por las deliberaciones de las Cortes de Cádiz. Le molesta profundamente la ausencia de mecanismos de equilibrio en la nueva constitución (*). Muy influenciado por John Adams y por su defensa del bicameralismo, Jovellanos lamenta particularmente la falta de un poder ejecutivo fuerte e uni-personal: "Otro tanto ó peor sucederá á estos [los nuevos regentes], porque oprimidos de cerca por las Cortes, nada podrán hacer bien en medio de tantos apuros, y todo se les imputará si saliere mal. Por lo demás, un poder ejecutivo sin facultades, una Asamblea legislativa sin balanza, ni doble deliberación, ni época de cesacion ni de renovacion..."
(*) Gaspar M. de Jovellanos al marqués de Villanueva del Prado, 29 de diciembre de 1810, en Cándido Nocedal (ed.) Obras de Don Gaspar Melchor de Jovellanos, Tomo II. Madrid: M. Rivadeneyra, 1859, pp. 375-376.
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[3] Galiani à Mme d'Épinay. Ferdinando Galiani réagit au succès de l'Histoire des deux Indes (*) : « ... l'histoire philosophique est donc de l'abbé Raynal ? Il y a peu d'hommes au monde que je vénère et que j'aime davantage. Ainsi je suis ravi du succès de son livre: il est très bien écrit, d'un style fleuri; c'est le livre d'un homme de bien, très-instruit, très-vertueux; mais ce n'est pas mon livre. En politique je n'admets que le machiavélisme pur, sans mélange, cru, vert, dans toute sa force, dans toute son âpreté [...] Il nous reproche d'être les brigands des Indes ; mais Scipion put bien l'être des côtes de Barbarie, et César des Gaules. Il dit que tout cela tournera mal ; mais tout le bien tourne en mal. La danse se tourne en lassitude, ne dansez donc pas; l'amour en peines, n'aimez donc pas [...] Il n'y a plus de commerce lucratif au monde ; détrompez-vous. Le seul bon est de troquer des coups de bâton qu'on donne, contre des roupies qu'on reçoit. C'est le commerce du plus fort. Voilà mon livre ; bon soir. »
(*) Ferdinando Galiani à Mme d'Épinay, Naples, 5 septembre 1772, dans Correspondance inédite de l'abbé Ferdinando Galiani, Tome II. Paris: Treuttel et Würtz, 1818, pp. 75-76.
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[4] James Madison to John Adams. In 1817, two former U.S. presidents find themselves reading ... Condorcet! Madison makes a crucial point about the importance of the elective principle (*). The old idea of a "mixed government" is now passé, unless it can be revived with the help of a modern checks-and-balances theory that upholds the elective principle. Both Adams and Jovellanos failed to come to terms with this reality — but not Mariano Moreno in Buenos Aires! "The great question now to be decided, and it is one in which humanity is more deeply interested than in any political experiment yet made, is, whether checks and balances sufficient for the purposes of order, justice, and the general good, may not be created by a proper division and distribution of power among different bodies, differently constituted, but all deriving their existence from the elective principle, and bound by a responsible tenure of their trusts".
(*) James Madison to John Adams, 22 May 1817, The Founders' Constitution, Volume 1, Chapter 10, Document 22 [see].
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"...tout le bien tourne en mal" — Ferdinando Galiani
AM | @HDI1780
[1] Hume to Morellet. David Hume writes to abbé Morellet about the Prospectus of the latter's Dictionnaire du commerce (*). Hume briefly discusses the nature of money, and directs the attention of Morellet to the paper currency of Pennsylvania, backed by land. He then proceeds to rail against the "economists" (the physiocrates): "But I hope that in your work you will thunder them, and crush them, and pound them, and reduce them to dust and ashes ! They are indeed, the set of men most chimerical, and most arrogant that now exist, since the annihilation of the Sorbonne. I ask your pardon for saying so, as I know you belong to that venerable body. I wonder what could have engaged our friend, M. Turgot, to herd among them ; I mean, among the economists ; tho I believe he was also a Sorbonnist..."
(*) David Hume to André Morellet, 10 July 1769. David Hume. Writings on Economics, Eugene Rotwein (ed.). New Brunswick: Transaction Publishers, 2007, pp. 215-216.
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[2] Jovellanos a Villanueva del Prado. A finales de 1810, Jovellanos no esconde su decepción por las deliberaciones de las Cortes de Cádiz. Le molesta profundamente la ausencia de mecanismos de equilibrio en la nueva constitución (*). Muy influenciado por John Adams y por su defensa del bicameralismo, Jovellanos lamenta particularmente la falta de un poder ejecutivo fuerte e uni-personal: "Otro tanto ó peor sucederá á estos [los nuevos regentes], porque oprimidos de cerca por las Cortes, nada podrán hacer bien en medio de tantos apuros, y todo se les imputará si saliere mal. Por lo demás, un poder ejecutivo sin facultades, una Asamblea legislativa sin balanza, ni doble deliberación, ni época de cesacion ni de renovacion..."
(*) Gaspar M. de Jovellanos al marqués de Villanueva del Prado, 29 de diciembre de 1810, en Cándido Nocedal (ed.) Obras de Don Gaspar Melchor de Jovellanos, Tomo II. Madrid: M. Rivadeneyra, 1859, pp. 375-376.
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[3] Galiani à Mme d'Épinay. Ferdinando Galiani réagit au succès de l'Histoire des deux Indes (*) : « ... l'histoire philosophique est donc de l'abbé Raynal ? Il y a peu d'hommes au monde que je vénère et que j'aime davantage. Ainsi je suis ravi du succès de son livre: il est très bien écrit, d'un style fleuri; c'est le livre d'un homme de bien, très-instruit, très-vertueux; mais ce n'est pas mon livre. En politique je n'admets que le machiavélisme pur, sans mélange, cru, vert, dans toute sa force, dans toute son âpreté [...] Il nous reproche d'être les brigands des Indes ; mais Scipion put bien l'être des côtes de Barbarie, et César des Gaules. Il dit que tout cela tournera mal ; mais tout le bien tourne en mal. La danse se tourne en lassitude, ne dansez donc pas; l'amour en peines, n'aimez donc pas [...] Il n'y a plus de commerce lucratif au monde ; détrompez-vous. Le seul bon est de troquer des coups de bâton qu'on donne, contre des roupies qu'on reçoit. C'est le commerce du plus fort. Voilà mon livre ; bon soir. »
(*) Ferdinando Galiani à Mme d'Épinay, Naples, 5 septembre 1772, dans Correspondance inédite de l'abbé Ferdinando Galiani, Tome II. Paris: Treuttel et Würtz, 1818, pp. 75-76.
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[4] James Madison to John Adams. In 1817, two former U.S. presidents find themselves reading ... Condorcet! Madison makes a crucial point about the importance of the elective principle (*). The old idea of a "mixed government" is now passé, unless it can be revived with the help of a modern checks-and-balances theory that upholds the elective principle. Both Adams and Jovellanos failed to come to terms with this reality — but not Mariano Moreno in Buenos Aires! "The great question now to be decided, and it is one in which humanity is more deeply interested than in any political experiment yet made, is, whether checks and balances sufficient for the purposes of order, justice, and the general good, may not be created by a proper division and distribution of power among different bodies, differently constituted, but all deriving their existence from the elective principle, and bound by a responsible tenure of their trusts".
(*) James Madison to John Adams, 22 May 1817, The Founders' Constitution, Volume 1, Chapter 10, Document 22 [see].
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Friday, May 24, 2013
FOUR SHORT LINKS
"...those ancient improvers" — Adam Smith
AM | @HDI1780
[1] Gilles Bancarel. Le président de la Société d'Étude Guillaume-Thomas Raynal [voir], Gilles Bancarel, sillonne la France pour expliquer l'oeuvre de l'abbé. C'était sur le 20H de TF1, le 9 mai (*). Gilles Bouleau, le présentateur, introduit le sujet: « Il fut le premier à réclamer l'abolition de la traite des hommes. Et pourtant, peu de Français connaissent son nom. Portrait de l'Abbé Raynal, esprit des Lumières perdu dans les oubliettes de l'Histoire. » À remarquer : la vue du navire qui transporte des marchandises et des esclaves, le manuscrit de l'Histoire des deux Indes.
(*) VIDEO: "L'Abbé Raynal, philosophe oublié dans l'ombre de Diderot et Voltaire", TF1.
[2] Diderot. Mini-colloque dans un bar de Barcelone sur le livre de Anthony Pagden, Enlightenment [voir]. Problème : le différend Diderot-Voltaire à propos de l'affaire Maupeou (début 1771), différend qui reviendra trés vite au sujet d'une autre affaire [voir]. « Il s'agit moins d'un problème entre modérés et radicaux, que d'un différend entre sceptiques et rationalistes », dit l'un des participants, tout en feuilletant les premiers chapitres du livre. Ce soir-là, je tombe sur cet article de Marc Riglet, qui résume bien la position de Diderot (*) : « Il ne peut se résoudre à défendre un pouvoir arbitraire. Et quoi qu'il pense du corps des parlementaires - "resté gothique dans ses usages, intolérant, superstitieux, jaloux du prêtre et ennemi du philosophe, vendus aux grands...", il fait fond sur la perspective d'une représentation légitime de la nation, le partage du pouvoir législatif avec le monarque et, partant, la limite de son arbitraire. »
(*) Marc Riglet : « Diderot, philosophe du plaisir », L'Express, 2 mai 2013.
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[3] Jefferson. The trickiest problem faced by republican constitution makers has always been the construction of the ... executive power. Alexandre Deleyre in the Tableau de l'Europe (1774) and Raynal himself in 1791 were among the few French philosophes who defended the idea of a strong, undivided executive. I have already mentioned Thomas Jefferson's letter to Alexander von Humboldt on this issue [see]. Here's another letter, from the same period, to Destutt de Tracy: "One of its doctrines, indeed, the preference of a plural over a singular executive, will probably not be assented to here... The experiment in France failed after a short course, and not from any circumstance peculiar to the times or nation, but from those internal jealousies and dissensions in the Directory, which will ever arise among men equal in power, without a principal to decide and control their differences ...The failure of the French Directory seems to have authorized a belief that the form of a plurality, however promising in theory, is impracticable with men constituted with the ordinary passions."
"...those ancient improvers" — Adam Smith
AM | @HDI1780
[1] Gilles Bancarel. Le président de la Société d'Étude Guillaume-Thomas Raynal [voir], Gilles Bancarel, sillonne la France pour expliquer l'oeuvre de l'abbé. C'était sur le 20H de TF1, le 9 mai (*). Gilles Bouleau, le présentateur, introduit le sujet: « Il fut le premier à réclamer l'abolition de la traite des hommes. Et pourtant, peu de Français connaissent son nom. Portrait de l'Abbé Raynal, esprit des Lumières perdu dans les oubliettes de l'Histoire. » À remarquer : la vue du navire qui transporte des marchandises et des esclaves, le manuscrit de l'Histoire des deux Indes.
(*) VIDEO: "L'Abbé Raynal, philosophe oublié dans l'ombre de Diderot et Voltaire", TF1.
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[2] Diderot. Mini-colloque dans un bar de Barcelone sur le livre de Anthony Pagden, Enlightenment [voir]. Problème : le différend Diderot-Voltaire à propos de l'affaire Maupeou (début 1771), différend qui reviendra trés vite au sujet d'une autre affaire [voir]. « Il s'agit moins d'un problème entre modérés et radicaux, que d'un différend entre sceptiques et rationalistes », dit l'un des participants, tout en feuilletant les premiers chapitres du livre. Ce soir-là, je tombe sur cet article de Marc Riglet, qui résume bien la position de Diderot (*) : « Il ne peut se résoudre à défendre un pouvoir arbitraire. Et quoi qu'il pense du corps des parlementaires - "resté gothique dans ses usages, intolérant, superstitieux, jaloux du prêtre et ennemi du philosophe, vendus aux grands...", il fait fond sur la perspective d'une représentation légitime de la nation, le partage du pouvoir législatif avec le monarque et, partant, la limite de son arbitraire. »
(*) Marc Riglet : « Diderot, philosophe du plaisir », L'Express, 2 mai 2013.
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(*) Thomas Jefferson to Destutt de Tracy, 26 January 1811 [see].
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[4] D'Holbach. Grâce à Hemmi Tatsuo sur Twitter [voir], je prends connaissance du Colloque D'Holbach, le 28 juin 2013 (*). À remarquer l'intervention de Frank Salaün : « Diffuser la bonne doctrine : la propriété dans le Système social et la Politique naturelle. »
(*) 17-18 Colloque D'Holbach, CELLF [voir].
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Wednesday, May 22, 2013
WILHELM VON HUMBOLDT IN PARIS, 1799
"Er weiss viel Sachen, aber keine recht" — Wilhelm von Humboldt
AM | @HDI1780
Volume 15 of Wilhelm von Humboldt's Gesammelte Schriften contains a number of witty remarks on Diderot and, more generally, on Parisian writers and celebrities. The notes, taken in his Tagebuch, are dated from Nivose an VII (January 1799). While his brother Alexander was preparing his journey throughout northern South America (and the United States), Wilhelm went to dinner parties, to literary salons and to the théâtre. And he read quite a bit (*). According to Jacques-Philippe Saint-Gérand, Humboldt saw France as the « instigateur de l’orientation donnée à la manière de penser de la fin de notre siècle » [see]. Here are a some interesting passages — this will take a couple of posts.
* * *
. Hume and d'Holbach. Gespräch mit dem Sohn des Baron Holbach bei der Vandeuil — Sein Vater hat Rousseaun angeboten, seine Kinder umsonst zu erziehen. Dieser aber hat es ausgeschlagen. — Hume hat seinem Vater einem Englischen Brief geschrieben, den der Sohn noch hat, in dem er sagt: er (Holbach) habe ihm wohl vorhergesagt, dass le bon Hume die dupe dieses Menschen seyn werde. — Die Briefe sind merkwürdig, obgleich platt gegen Rousseau. Ich sah sie und las sie selbst.
. Oeuvres de Diderot. Vol 8.9. — 21. Essai sur les regnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque. Eine äusserst interessante Schrift, da sie ganz in Diderots Eigemütlichkeit geschrieben ist. Es ist keine fortlaufende Geschichte, keine vollständige Analyse, es geht immer Sprungweise, immer mit Abschweidungen, oft wie ein Brief, oft sogar wie ein Gespräch. Der historische Theil ist sehr gut behandelt. [...] Les grandes passions anéantissent les fantaisies qui naissent de la frivolité et de l'ennui; je ne conçois pas, comment un être sensible peut agir sans passion.
. Oeuvres de Diderot. Vol 8.9. — 21. Essai sur les regnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque. VIII.86. Ueber das Recht des Widerstands des Volks gegen beleidigte Meschenrechte. VIII. 176. Sehr starke Stellen über das Recht der Sklaven, ihre Herren zu morden, mit Wunsch ausgedrückt. IX.110. Lobender Antheil an der Amerikanischer Freiheit. IX. 185. Aber auch se dépopulariser et se rendre meilleur, c'est la même chose. VIII. 470. Definition des Philosophen,. qui s'exerce constamment à la recherche de la vérité et à la pratique de la vertu.
. Oeuvres de Diderot. Vol 8.9. — 21. Essai sur les regnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque. Diderots Gutmüthigkeit und dass er leiber als honnête homme als geistreich scheinen will. VIII.93. Prachtige Stelle über die Freundschaft. VIII.368. Nur mit Montaigne vergleichbar. Aber mehr Leidenschaft und Glanz hier, weniger stille und volle Kraft, als im Alten. — Er weiss viel Sachen, aber keine recht. [...] Im philologischen Erklärungen ist er sehr unglücklich. Beweis sein Brief and Galiani über inmeritus majorum.
(*) Wilhelm von Humboldt. Tagebücher, Vol. II, in Gesammelte Schriften, Vol. 15. Berlin: B. Behr's Verlag, 1918, pp. 1-11.
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Friday, May 17, 2013
TROUVAILLES @ GOOGLE BOOKS
"Interest is raised by defective enforcement of contracts" — Adam Smith
AM | @HDI1780
[1] Adam Smith. Tomo I de la traducción del Wealth of Nations por Josef Alonso Ortiz, dedicada a Manuel Godoy (1794). Leo los pasajes sobre la teoría 'institucional' del crédito —inspirados en Montesquieu, Galiani y Raynal-Diderot— y noto la pésima calidad de la traducción: "Quando la ley no prescribe los limites que deben tener los contratos, quedan los Banqueros casi en un mismo pie que un bancarrota". El original es: "When the law does not enforce the performance of contracts, it puts all borrowers nearly upon the same footing with bankrupts." Presumiblemente, Alonso Ortiz piensa en la tasa de interés 'oficial', cuando Smith se refiere claramente a la tasa de mercado. ¿El origen de un malentendido?
INVESTIGACION DE LA NATURALEZA Y CAUSAS DE LA RIQUEZA DE LAS NACIONES, TOMO I. EN VALLADOLID: En la Oficina de la Viuda é Hijos de Santander. Año de MDCCXCIV [ver]
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[2] Mably. L'abbé de Mably est un cas à part en matière de pensée politique : partisan du gouvernement mixte, il plaide cependant pour un pouvoir éxécutif partagé. Admirateur de Sparte, il rêve d'utopies rétrospectives. John Adams le rencontre plusieurs fois à Paris. Le 5 janvier 1783, Adams dîne avec les abbés Mably, Chalut, Arnoux et Tersan. Il écrira: « Had more Conversation with Mably than at any Time before. He meditates a Work upon our American Constitutions » . Le livre fut publié en 1784 avec la collaboration de Marie-Antoine Cerisier et John Adams.
OBSERVATIONS SUR LE GOUVERNEMENT ET LES LOIX DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE, Par M. l'abbé de Mably. A AMSTERDAM, CHEZ J.F. ROSARD & COMP. // M DCC LXXXIV [voir]
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[3] Jefferson. I have already mentioned André Morellet's translation of Thomas Jefferson's Notes on the State of Virginia [see]. Although the title indicates "1786", it was published in early 1787. The details of that translation are studied by Gordon S. Barker: "Unraveling the Strange History of Jefferson's Observations sur la Virginie", The Virginia Magazine of History and Biography, 2004. Raynal is sharply criticized for his views on dégénération. In 2009, I found proof that Mariano Moreno read Morellet's version of the Notes, which he quoted at length in Gazeta de Buenos-Ayres.
OBSERVATIONS SUR LA VIRGINIE PAR M. J*** TRADUITES DE L'ANGLOIS A PARIS. Chez BARROIS, l'aîné, Libraire, rue du Hurepoix, près le pont Saint-Michel 1786 [see].
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[4] D'Holbach. Encore un partisan de la théorie institutionnelle du crédit. D'Holbach partage le rejet de David Hume (et de bien d'autres) à l'encontre de l' « invention funeste » du crédit public. Plus le gouvernement tend au despotisme, moins il aura de crédit : « Dans les Etats soumis à des maîtres absolus (comme en Turquie) il n'existe point de crédit public» (p. 78). Magnifique !
SYSTÊME SOCIAL, OU PRINCIPES NATURELS DE LA MORALE ET DE LA POLITIQUE // TOME TROISIEME LONDRES MDCCLXXIII [voir].
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"Interest is raised by defective enforcement of contracts" — Adam Smith
AM | @HDI1780
[1] Adam Smith. Tomo I de la traducción del Wealth of Nations por Josef Alonso Ortiz, dedicada a Manuel Godoy (1794). Leo los pasajes sobre la teoría 'institucional' del crédito —inspirados en Montesquieu, Galiani y Raynal-Diderot— y noto la pésima calidad de la traducción: "Quando la ley no prescribe los limites que deben tener los contratos, quedan los Banqueros casi en un mismo pie que un bancarrota". El original es: "When the law does not enforce the performance of contracts, it puts all borrowers nearly upon the same footing with bankrupts." Presumiblemente, Alonso Ortiz piensa en la tasa de interés 'oficial', cuando Smith se refiere claramente a la tasa de mercado. ¿El origen de un malentendido?
INVESTIGACION DE LA NATURALEZA Y CAUSAS DE LA RIQUEZA DE LAS NACIONES, TOMO I. EN VALLADOLID: En la Oficina de la Viuda é Hijos de Santander. Año de MDCCXCIV [ver]
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[2] Mably. L'abbé de Mably est un cas à part en matière de pensée politique : partisan du gouvernement mixte, il plaide cependant pour un pouvoir éxécutif partagé. Admirateur de Sparte, il rêve d'utopies rétrospectives. John Adams le rencontre plusieurs fois à Paris. Le 5 janvier 1783, Adams dîne avec les abbés Mably, Chalut, Arnoux et Tersan. Il écrira: « Had more Conversation with Mably than at any Time before. He meditates a Work upon our American Constitutions » . Le livre fut publié en 1784 avec la collaboration de Marie-Antoine Cerisier et John Adams.
OBSERVATIONS SUR LE GOUVERNEMENT ET LES LOIX DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE, Par M. l'abbé de Mably. A AMSTERDAM, CHEZ J.F. ROSARD & COMP. // M DCC LXXXIV [voir]
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[3] Jefferson. I have already mentioned André Morellet's translation of Thomas Jefferson's Notes on the State of Virginia [see]. Although the title indicates "1786", it was published in early 1787. The details of that translation are studied by Gordon S. Barker: "Unraveling the Strange History of Jefferson's Observations sur la Virginie", The Virginia Magazine of History and Biography, 2004. Raynal is sharply criticized for his views on dégénération. In 2009, I found proof that Mariano Moreno read Morellet's version of the Notes, which he quoted at length in Gazeta de Buenos-Ayres.
OBSERVATIONS SUR LA VIRGINIE PAR M. J*** TRADUITES DE L'ANGLOIS A PARIS. Chez BARROIS, l'aîné, Libraire, rue du Hurepoix, près le pont Saint-Michel 1786 [see].
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[4] D'Holbach. Encore un partisan de la théorie institutionnelle du crédit. D'Holbach partage le rejet de David Hume (et de bien d'autres) à l'encontre de l' « invention funeste » du crédit public. Plus le gouvernement tend au despotisme, moins il aura de crédit : « Dans les Etats soumis à des maîtres absolus (comme en Turquie) il n'existe point de crédit public» (p. 78). Magnifique !
SYSTÊME SOCIAL, OU PRINCIPES NATURELS DE LA MORALE ET DE LA POLITIQUE // TOME TROISIEME LONDRES MDCCLXXIII [voir].
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Tuesday, May 14, 2013
PHILOPROGENITIVENESS
"...ou étouffe-t-il l’enfant dans le sein des mères luthériennes, lorsqu’elles sont fécondes?" — Raynal
AM | @HDI1780
In his excellent 1957 study of Benjamin Franklin's Speech of Polly Baker, Alfred Owen Aldridge mentions the notion of philoprogenitiveness — "the typical eighteenth-century fondness for fecundity and procreation as such" (*). He then adds, somewhat surprisingly, that "Raynal, however, is only incidentally concerned with procreation". In fact, a quick sweep of Books XI to XIX with the F5 key reveals dozens of mentions to "fécond, féconde, fécondité". I have already discussed one case in which Franklin's influence may have led Raynal to introduce a subtle but significant change in the 1780 edition of Histoire des deux Indes [see].
But Mr. Aldridge had a point. Most of the times, the words "fécond, féconde, fécondité" show up in the context of land: "C'est au Nil qu'est due une si heureuse fécondité (xi.3) ... un seul neuf, fécond & varié (xiii.58) ... cette fécondité particulière aux campagnes nouvellement défrichées." (xiv.6). In a more abstract sense, Raynal mentions "un principe fécond ... un siècle fécond en grands événemens". Fecundity is sometimes used in the sense of creativity: "Le génie Italien, trop fécond pour ne pas créer" (xix.12). And here's another sentence that anticipates the views of Joseph Schumpeter on innovation:
Raynal's (and Franklin's) philoprogenitiveness is clearly on display in the Polly Baker tale, which helped to establish the "legendary personality" of Franklin:
Est-ce donc un crime de féconder ou de procréer, à l’exemple de la terre, notre mère commune? D’augmenter le nombre des colons dans un pays nouveau qui ne demande que des habitans? .... J’ai toujours été, je suis encore disposée à me marier; & je me flatte que je serois digne d’un état si respectable, avec la fécondité, l’industrie, & la frugalité dont la nature m’a douée: car elle m’avoit destinée à être une femme honnête & vertueuse......& je demande encore la peine qui m’attend, plutôt que de cacher les fruits de la fécondité que le ciel a donnée à l’homme & à la femme, comme sa première bénédiction. (xviii.21)
In the discussion of slavery in Book XI, Raynal refers to the "fécondité presque incroyable" of slave women (xi.23). And here's Diderot, in his apology of créoles: "Elles sont très-fécondes, souvent mères de dix ou douze enfans. Cette propagation vient de l’amour qui les attache fortement à l’homme qu’elles possèdent, mais qui les rejette promptement vers un autre, dès que la mort a rompu les nœuds d’un premier ou d’un second hymen." (xi.31).
In the 1780 edition, Raynal felt the need to stress his philoprogenitiveness credentials as a counterweight to the book's sometimes absurd views on dégénération, which American diplomats found so annoying. Thus, in Florida, "Les femmes qui, à raison du changement de climat, n’accouchoient d’abord que rarement, sont actuellement très-fécondes." (xviii.23).
(*) Alfred Owen Aldridge. Franklin and his French Contemporaries. New York University Press, 1957, p. 97.
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"...ou étouffe-t-il l’enfant dans le sein des mères luthériennes, lorsqu’elles sont fécondes?" — Raynal
AM | @HDI1780
In his excellent 1957 study of Benjamin Franklin's Speech of Polly Baker, Alfred Owen Aldridge mentions the notion of philoprogenitiveness — "the typical eighteenth-century fondness for fecundity and procreation as such" (*). He then adds, somewhat surprisingly, that "Raynal, however, is only incidentally concerned with procreation". In fact, a quick sweep of Books XI to XIX with the F5 key reveals dozens of mentions to "fécond, féconde, fécondité". I have already discussed one case in which Franklin's influence may have led Raynal to introduce a subtle but significant change in the 1780 edition of Histoire des deux Indes [see].
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But Mr. Aldridge had a point. Most of the times, the words "fécond, féconde, fécondité" show up in the context of land: "C'est au Nil qu'est due une si heureuse fécondité (xi.3) ... un seul neuf, fécond & varié (xiii.58) ... cette fécondité particulière aux campagnes nouvellement défrichées." (xiv.6). In a more abstract sense, Raynal mentions "un principe fécond ... un siècle fécond en grands événemens". Fecundity is sometimes used in the sense of creativity: "Le génie Italien, trop fécond pour ne pas créer" (xix.12). And here's another sentence that anticipates the views of Joseph Schumpeter on innovation:
La fécondité de l’invention dévancera toujours la promptitude de l’imitation. (xiii.53)
Raynal's (and Franklin's) philoprogenitiveness is clearly on display in the Polly Baker tale, which helped to establish the "legendary personality" of Franklin:
Est-ce donc un crime de féconder ou de procréer, à l’exemple de la terre, notre mère commune? D’augmenter le nombre des colons dans un pays nouveau qui ne demande que des habitans? .... J’ai toujours été, je suis encore disposée à me marier; & je me flatte que je serois digne d’un état si respectable, avec la fécondité, l’industrie, & la frugalité dont la nature m’a douée: car elle m’avoit destinée à être une femme honnête & vertueuse......& je demande encore la peine qui m’attend, plutôt que de cacher les fruits de la fécondité que le ciel a donnée à l’homme & à la femme, comme sa première bénédiction. (xviii.21)
In the discussion of slavery in Book XI, Raynal refers to the "fécondité presque incroyable" of slave women (xi.23). And here's Diderot, in his apology of créoles: "Elles sont très-fécondes, souvent mères de dix ou douze enfans. Cette propagation vient de l’amour qui les attache fortement à l’homme qu’elles possèdent, mais qui les rejette promptement vers un autre, dès que la mort a rompu les nœuds d’un premier ou d’un second hymen." (xi.31).
In the 1780 edition, Raynal felt the need to stress his philoprogenitiveness credentials as a counterweight to the book's sometimes absurd views on dégénération, which American diplomats found so annoying. Thus, in Florida, "Les femmes qui, à raison du changement de climat, n’accouchoient d’abord que rarement, sont actuellement très-fécondes." (xviii.23).
(*) Alfred Owen Aldridge. Franklin and his French Contemporaries. New York University Press, 1957, p. 97.
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Saturday, May 11, 2013
FOUR SHORT LINKS
"...ses avances considérables et son entreprise hasardeuse..." — Diderot
AM | @HDI1780
[1] Anthony Pagden. In his new book on the Enlightenment, Anthony Pagden mentions several times Raynal's Histoire des deux Indes (*). He cites Adam Smith's remarque about the importance of the discovery of America, correctly noting that Smith failed to acknowledge Raynal on this point. But Raynal himself seems to have taken the idea from DePauw and López de Gomara [see]. From the introduction: "[The Aufklärer] identified themselves and their objectives with the historical present; their concerns were with the historical future. They were conscious that they were living though a century of 'light' or 'philosophy'. But they were also acutely aware that, as Kant famously said, although they lived in 'an age of Enlightenment', it was not yet an Enlightened age." It is worth noting that Mr. Pagden makes no reference to the notion of 'radical Enligthenment' — Jonathan Israel's latest book is cited in the notes and appears in the bibliography, but it does not feature at all in the index.
(*) Anthony Pagden. The Enlightenment. And Why it Sill Matters. New York: Random House, 2013 [web] [Introduction] [review].
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[2] Diderot. Seix-Barral vient de publier la traduction espagnole de la Lettre sur le commerce de la libraire (*). J'aime bien ce texte. A mon sens, c'est l'un des plus clairs manifestes du siècle en faveur de ... l'innovation ! Diderot met en scène « l'homme entreprenant et habile », l'homme « inventif et entreprenant » qui court « le péril des grandes entreprises ». Ces entrepreneurs sont « des hommes rares » ; leurs « talents supérieurs » permettent « la propagation des connaissances humaines » et mettent les peuples à l'abri de l'abrutissement général. Mais attention ! Il n'y a pas d'innovation sans capital (« avances ») et il n'y a pas de crédit sans ... propriété ! Voilà pourquoi il s'avère indispensable de pouvoir compter sur une « possession fixe, sûre et continue », sur la « propriété et la jouissance exclusive ». Lorsque celle-ci est mise en doute, il n'y a « plus d'espérance, plus de fonds solide, plus de crédit, plus de courage, plus d'entreprise ». Nul doute quant à moi : Joseph Schumpeter a bel et bien lu Diderot, Helvétius et Raynal [voir].
(*) Denis Diderot. Carta sobre el comercio de libros. Traducción de Alejandro Schnetzer. Barcelona: Seix-Barral, 2013 [reseña].
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[3] Melon. « L'esprit de conquête & l'esprit de Commerce , s'excluent mutuellement dans une nation », écrit Jean-François Melon en 1734 (*). Ces formules seront reprises par Montesquieu et par Raynal, tous deux partisans de l' « humanisme commercial ». L'Espagne « auroit subjugué l’Amérique entière, si elle avoit eu l’esprit de conquête comme elle avoit celui de brigandage », lit-on au Livre XI de l'HDI. Et puis, à propos des colonies en général: « L’esprit de conquête fit établir une partie des soldats vainqueurs dans des états subjugués. » (HDI 1780, xiii.40). Fort heureusement, l'esprit de commerce vient alors à la rescousse : « Tels sont les progrès de l’esprit de commerce, qu’il fait taire tous les préjugés de nation ou de religion devant l’intérêt général qui doit lier les hommes » (HDI 1780, xii.24). Et voici Alexandre Deleyre, en 1774, à propos des Pays-Bas, dans un texte qu'Adam Smith reprendra à son compte: « Ce peuple négociant porteroit ailleurs son esprit de commerce avec son argent. » (Tableau de l'Europe, 2, p. 28).
(*) Jean-François Melon. Essai politique sur le commerce, 1736, p. 79.
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[4] Hirschman. Me encantan las biografías de +/- 800 paginas (*). Hace algunos años leí el capítulo de The Passions and the Interests (1957), donde Albert O. Hirschman estudia las ideas de Claude-Adrien Helvétius sobre las pasiones humanas que se "contrapesan" mutuamente, idea que retomará Mariano Moreno en la Gazeta de Buenos-Ayres. ¡Ya mismo estoy pidiendo el libro de Jeremy Adelman!
(*) Jeremy Adelman. Wordly Philosopher. The Odissey of Albert O. Hirschman. Princeton University Press, 2013.[web][introducción].
"...ses avances considérables et son entreprise hasardeuse..." — Diderot
AM | @HDI1780
[1] Anthony Pagden. In his new book on the Enlightenment, Anthony Pagden mentions several times Raynal's Histoire des deux Indes (*). He cites Adam Smith's remarque about the importance of the discovery of America, correctly noting that Smith failed to acknowledge Raynal on this point. But Raynal himself seems to have taken the idea from DePauw and López de Gomara [see]. From the introduction: "[The Aufklärer] identified themselves and their objectives with the historical present; their concerns were with the historical future. They were conscious that they were living though a century of 'light' or 'philosophy'. But they were also acutely aware that, as Kant famously said, although they lived in 'an age of Enlightenment', it was not yet an Enlightened age." It is worth noting that Mr. Pagden makes no reference to the notion of 'radical Enligthenment' — Jonathan Israel's latest book is cited in the notes and appears in the bibliography, but it does not feature at all in the index.
(*) Anthony Pagden. The Enlightenment. And Why it Sill Matters. New York: Random House, 2013 [web] [Introduction] [review].
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[2] Diderot. Seix-Barral vient de publier la traduction espagnole de la Lettre sur le commerce de la libraire (*). J'aime bien ce texte. A mon sens, c'est l'un des plus clairs manifestes du siècle en faveur de ... l'innovation ! Diderot met en scène « l'homme entreprenant et habile », l'homme « inventif et entreprenant » qui court « le péril des grandes entreprises ». Ces entrepreneurs sont « des hommes rares » ; leurs « talents supérieurs » permettent « la propagation des connaissances humaines » et mettent les peuples à l'abri de l'abrutissement général. Mais attention ! Il n'y a pas d'innovation sans capital (« avances ») et il n'y a pas de crédit sans ... propriété ! Voilà pourquoi il s'avère indispensable de pouvoir compter sur une « possession fixe, sûre et continue », sur la « propriété et la jouissance exclusive ». Lorsque celle-ci est mise en doute, il n'y a « plus d'espérance, plus de fonds solide, plus de crédit, plus de courage, plus d'entreprise ». Nul doute quant à moi : Joseph Schumpeter a bel et bien lu Diderot, Helvétius et Raynal [voir].
(*) Denis Diderot. Carta sobre el comercio de libros. Traducción de Alejandro Schnetzer. Barcelona: Seix-Barral, 2013 [reseña].
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[3] Melon. « L'esprit de conquête & l'esprit de Commerce , s'excluent mutuellement dans une nation », écrit Jean-François Melon en 1734 (*). Ces formules seront reprises par Montesquieu et par Raynal, tous deux partisans de l' « humanisme commercial ». L'Espagne « auroit subjugué l’Amérique entière, si elle avoit eu l’esprit de conquête comme elle avoit celui de brigandage », lit-on au Livre XI de l'HDI. Et puis, à propos des colonies en général: « L’esprit de conquête fit établir une partie des soldats vainqueurs dans des états subjugués. » (HDI 1780, xiii.40). Fort heureusement, l'esprit de commerce vient alors à la rescousse : « Tels sont les progrès de l’esprit de commerce, qu’il fait taire tous les préjugés de nation ou de religion devant l’intérêt général qui doit lier les hommes » (HDI 1780, xii.24). Et voici Alexandre Deleyre, en 1774, à propos des Pays-Bas, dans un texte qu'Adam Smith reprendra à son compte: « Ce peuple négociant porteroit ailleurs son esprit de commerce avec son argent. » (Tableau de l'Europe, 2, p. 28).
(*) Jean-François Melon. Essai politique sur le commerce, 1736, p. 79.
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[4] Hirschman. Me encantan las biografías de +/- 800 paginas (*). Hace algunos años leí el capítulo de The Passions and the Interests (1957), donde Albert O. Hirschman estudia las ideas de Claude-Adrien Helvétius sobre las pasiones humanas que se "contrapesan" mutuamente, idea que retomará Mariano Moreno en la Gazeta de Buenos-Ayres. ¡Ya mismo estoy pidiendo el libro de Jeremy Adelman!
(*) Jeremy Adelman. Wordly Philosopher. The Odissey of Albert O. Hirschman. Princeton University Press, 2013.[web][introducción].
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