Friday, December 30, 2011

PRÉSENCE D'HELVÉTIUS (II)
"Tout se tient dans l'univers" — Helvétius

AM | @agumack

Je viens de finir le premier tome des Œuvres complètes d'Helvétius publiées par Servière à Paris en 1795; j'en ai fait l'achat il y a quelques années à Buenos Aires. La capitale de l'Argentine est une surprenante source de littérature des Lumières radicales; en 1990, en pleine hyperinflation, j'avais payé 500 dollars pour les 24 tomes de l'Encyclopédie (Livourne, 1778), la plupart en excellent état. Et l'année dernière je me suis offert l'édition de 1820 de l'Histoire des deux Indes pour seulement €100 (les 10 tomes en parfait état). Mais revenons à Helvétius et à son influence sur l'HDI.

Au-delà des mots et des expressions en commun [voir], c'est l'idée du héros telle que la conçoit Helvétius qui revient souvent dans les pages de Raynal. Le héros, pour Helvétius (comme plus tard pour Hegel), est celui en qui s'effectue "la rencontre heureuse" de l'intérêt particulier avec l'intérêt général ou public.

Voyons quelques exemples tirés de l'Histoire des deux Indes:

- Les hollandais: "Sans terre & sans productions, ils résolurent de faire valoir celles des autres peuples; assurés que de la prospérité universelle, sortiroit leur prospérité particulière. L’événement justifia leur politique" (HDI 1780, xii.14);

- Guillaume III d'Orange: "Jamais son intérêt ne put le détourner de l’intérêt public" (HDI 1780, xix.3);

- Pierre le Grand: "On ne le vit pas s'élever, jusqu'à combiner la félicité de ses peuples avec sa grandeur personnelle" (HDI 1774, v.40, p. 281).
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Tuesday, December 27, 2011

VOLKER STEINKAMP & ALEXANDRE DELEYRE (I)

AM | @agumack

C'est en 2009, à la Bibliothèque de l'Université d'Amsterdam, que j'ai trouvé le texte de Volker Steinkamp sur l'Histoire des deux Indes et Alexandre Deleyre (*). L'auteur du Tableau de l'Europe (1774), ouvrage incorporé à la deuxième édition comme Livre XIX del l'HDI, est généralement laissé de côté par les historiens modernes. Avec son analyse du Tableau, M. Steinkamp fait justice au malheureux collaborateur de Raynal. L'Histoire des deux Indes est présentée comme "die repräsentativste aus aufklärerischer Sicht verfaßte Bilanz einer gut dreihundertjährigen europäischen Kolonialisationsgeschichte".

Mais en quoi consiste l'apport de Deleyre? Tout d'abord, un mot s'impose: l'ordre. Le texte de Raynal est chaotique; l'abbé a besoin d'ordre!

Die Histoire des deux Indes wird daher insofern auch zu eiener Geschichte Europas, als sie in bis dahin nicht gekannter Deutlichkeit die Frage nach den Folgen der Eroberung der Neuen Welt für die Alte Welt explizit stellt und zu beantworten sucht. In unsystematischer Form geschiet dies an vielen Stellen in der Histoire des deux Indes, in zusammenhängender Form in Tableau de l'Europe, der seit der zweiten, 1774 erschienen Ausgabe die Histoire des deux Indes beschließt und zunächst Raynal selbst zugesprochen ist, als dessen Autor inzwischen jedoch der Enzyklopädist Alexander Deleyre feststeht.

Le fait que les quatorze chapitres de Deleyre soient laborieusement organisés par sujet constitue un premier message adressé à la critique: désormais, l'HDI est un texte plus cohérent, plus systématique. Volker Steinkamp regrette l'oubli dans lequel ce "zu Unrecht fast völlig in Vergessenheit geratenen Schrift" est tombé. Il a bien raison!

Affaire à suivre...

(*) Volker Steinkamp. L'Europe éclairée. Das Europa-Bild der französischen Aufklärung, chapitre IV ("Europa und die neue Welt"). Frankfurt am Main: Vittorio Klostermann, 2003.
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Friday, December 23, 2011

RAYNAL, ADAM SMITH & EL CRÉDITO

AM | @agumack

En la Wealth of Nations, Adam Smith cita repetidamente la Histoire des deux Indes. Sabemos que lee una edición de 1773 publicada en Ámsterdam. La fama de Smith como uno de los fundadores de la economía política es bien merecida. Pero tras leer y releer los pasajes de la HDI y de la Wealth of Nations sobre el crédito, una convicción insoslayable se apodera de mi mente: Smith le debe mucho más de lo que se cree a Raynal. ¡Mucho más! Aquí va un pasaje sobre la calidad del sistema judicial y el crédito público:

Les citoyens accoutumés à regarder la nation comme un corps permanent & indépendant, l'acceptent [le papier-monnaie] d'autant plus volontiers pour caution, qu'ils ont rarement une connoissance exacte de ses facultés, & qu'ils ont de sa justice une idée favorable, fondée ordinairement sur l'expérience. Avec ce préjugé, le crédit y est souvent porté au-delà des ressources & des sûretés. L'Angleterre en est la preuve, Il n'en est pas ainsi dans les monarchies absolues, dans celles surtout qui ont souvent violé leurs engagements (HDI 1773, iv, p. 76).

¿A qué se refiere Raynal con el crédito llevado "au-delà des ressources"? ¿Al valor de bonos públicos sobre la par? Es probable. En todo caso, es exactamente la interpretación que hará Adam Smith:

The necessities of the state render government, upon most occasions willing to borrow upon terms extremely advantageous to the lender. The security which it grants to the original creditor, is made transferable to any other creditor ; and from the universal confidence in the justice of the state, generally sells in the market for more than was originally paid for it. The merchant or monied man makes money by lending money to government, and instead of diminishing, increases his trading capital (Wealth of Nations, v.3).

Y ésta es solo una muestra ...
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Thursday, December 22, 2011

JOHN ADAMS ON RAYNAL (II)
"Our great Historian" — John Adams

AM | @agumack

In his third letter to Le politique hollandais on Raynal's Révolution de l'Amérique (22 January 1782), John Adams calls Raynal "Our great Historian" (*). But he proceeds to offer a biting criticism of the book on the grounds that "The History in question is very general" — already a familiar complaint by 1782. Raynal, says Adams, pays too much attention to events in Boston in 1773, which leads him to disregard opposition movements in other parts of the country:

Our great Historian does too much Honour to the Town of Boston, or too little to Charlestown Philadelphia and New York when he says "cette grande ville avoit toujours paru plus occupée de ses droits que le reste de L'Amérique." The only Difference was this, the ministry had created a Crowd of worthless officers of Revenue in Boston, more than in other Cities —they had sent an army there to protect them— and they practiced more Tyranny there and consequently more resistance than any where: but the same Causes in all other Cities, have ever produced the same Effects.

Clearly, John Adams —himself from Massachusetts— wants to display a united front amid his ongoing negotiations with Dutch bankers. The new republic will soon need lots of cash...

(*) Gregg L. Lint (ed.) The Papers of John Adams. Harvard University Press, 1996, Vol. 12, pp. 209-211.
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Wednesday, December 21, 2011

TREMBLEY & LA REGENERACIÓN

AM | @agumack

En El 'best-seller' que cambió el mundo, propongo la hipotesis según la cual Diderot lanza la idea de regeneración como contrapunto dialéctico a la degeneración de Raynal. La maniobra tendrá importantes consecuencias. ¿Pero de dónde proviene la idea de la regeneración? Del poeta Ovidio y del biólogo amateur suizo Abraham Trembley. Algunas referencias:

- Denis Diderot:  ANIMAL, Encyclopédie, Vol. 1.

- Robert E. Steele: "Trembley's polyps go transgenic", PNAS, April 25, 2006 vol. 103 no. 17, pp. 5416-6417.

- Howard M. Lenhoff & Sylvia Lenhoff: "Abraham Trembley and the origins of research on regeneration in animals", in Charles E. Dinsmore (ed.) A History of Regeneration Research. Cambridge University Press, 1991.

- M. Spanger: "Science, philosophie et littérature: le polype de Diderot", Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, 1997, no23, pp. 89-107, pp. 188-189.
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Tuesday, December 20, 2011

DERNIÈRES TROUVAILLES SUR GOOGLE BOOKS...

AM | @agumack

- Boissy d'Anglas à Guillaume-Thomas Raynal, sur sa Lettre à l'Assemblée Nationale [texte].

- HISTORIA POLITICA DE LOS ESTABLECIMIENTOS ULTRAMARINOS DE LAS NACIONES EUROPEAS, TOMO 1, POR EDUARDO MALO DE LUQUE. Madrid: Don Antonio de Sancha, 1784 [texte].

- CENSURE DE LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE DE PARIS, Contre un livre qui a pour titre: HISTOIRE PHILOSOPHIQUE ET POLITIQUE, &. Paris: Clousier, 1781 [texte].

- Staatsveränderung von Amerika. Durch den Abt Raynal, Verfasser der philosophischen und politische Geschichte der Handlung der Europäer in den beiden Indien. Frankfurt und Leipzig, 1782 [texte].
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Monday, December 19, 2011

PRÉSENCE D'HELVÉTIUS

AM | @agumack

Je continue à lire Democratic Enlightenment, et je suis frappé par l'importance attachée par Jonathan Israel à Claude-Adrien Helvétius et à De l'esprit (1758) (*). A l'aide de Google Books, je me suis mis à lire les premières pages du livre d'Helvétius, à la recherche d'idées et d'expressions en commun avec l'Histoire des deux Indes. Les premiers résultats confirment l'hypothèse de M. Israel — et même de façon éclatante. (Voyons d'abord quelques expressions en commun; l'analyse suivra).

...& qu'au penchant naturel qui porte tous les hommes à l'usurpation. (De l'esprit, iii.2).

…cette pente que les princes & leurs ministres ont naturellement vers le pouvoir arbitraire. (HDI, 1780. xiii.41).
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...le fardeau de la misère... (De l'esprit, i.2).

…les supplices & les fardeaux de la misère... (
HDI 1773, ix, p. 454).
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...& à violer envers elle tous les droits de l'humanité. (De l'esprit, i.3).

...osoient quelquefois réclamer les droits de l’humanité... (HDI 1780, xix.2).
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...s'emparer de toutes les facultés de son ame... (De l'esprit, i.2).

...nous étouffons toutes les facultés de l’ame... (HDI 1780, xviii.23).
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...les uns sont énervés par la mollesse... (De l'esprit, i.3).

...lorsqu'ils ont été énervés par la mollesse... (
HDI 1780, ii.10).
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Comme la marche de l'esprit est toujours lente... (De l'esprit, i.1).

C'est la marche de l'esprit humain... (
HDI 1774, iii.44, p. 381).
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...qui consentiroit à croupir dans l'ignorance? (De l'esprit, préface).

...ne croupissent-elles pas dans l'ignorance? (
HDI 1780, xix.15).

(*) Democratic Enlightenment. Philosophy, Revolution, and Human Rights, 1750-1790 (New York: Oxford University Press, 2011) [info].
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Thursday, December 15, 2011

EL CRÉDITO EN LA HISTORIA DE LAS DOS INDIAS (I)

AM | @agumack

De a poco iré publicando los (muy interesantes) pasajes de la Histoire des deux Indes sobre la moneda y el crédito. Si le interesa una interpretación de conjunto, lo invito a leer el capítulo 5 de El 'best-seller' que cambió el mundo, que lleva por título "¡Un déspota no obtiene crédito!" El primer pasaje es especialmente interesante. Proviene de la primera edición de la HDI, cuando Raynal todavía confiaba en las bondades de la East India Company:

Il n'en est pas ainsi aux yeux des Anglois; leur plan est de lier si bien les mains au Souba, aux Nanabs, aux Rajas de sa jurisdiction, qu'ils ne puissent plus opprimer les peuples qui dépendent d'eux. Calicuta sera toujours un tribunal ouvert aux plaintes de tous les malheureux que la tirannie osera poursuivre. La propriété sera si respectée, que l'or enseveli depuis plusieurs siècles sortira des entrailles de la terre pour remplir sa destination. On encouragera tellement l'agriculture, les manufactures, que les objets d'exportation deviendront tous les jours plus considérables. La compagnie se flatte que loin d'être réduite à diminuer les tributs qu'elle a trouvé établis, elle pourra concilier leur augmentation avec l'aisance universelle (HDI 1772, iii, pp. 380-381).

A notar, de manera especial, la influencia que este texto —claramente inspirado en François Bernier— tendrá sobre Adam Smith.
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Wednesday, December 14, 2011

THUCYDIDE

AM | @agumack

J'ai fini, hier soir, l'Histoire de la Guerre du Péloponnèse. Mon grec étant quasiment nul, je l'ai lue en anglais, dans la magnifique édition du Free Press. Un des textes les plus frappants de Thucydide est le dialogue des Athéniens et des Méliens (5.84 à 5.116). Le dialogue porte sur un sujet cher aux auteurs de l'Histoire des deux Indes: le prétendu droit du plus fort (*). Raynal en fait mention au chapitre 27 du Livre XII:

Les nouveaux Anglois, avec le droit qu’ils ont usurpé d’importer tout ce qu’ils veulent, exportent les denrées les plus précieuses de la colonie, & se font encore livrer de l’argent, ou des lettres-de-change sur l’Europe. Tel est le droit de la force, dont les peuples républicains usent, non-seulement avec les autres nations, mais entre eux. Les Anglois agissent à-peu-près avec les Hollandois, comme firent les Athéniens à l’égard des Meliens. De tout tems, le plus foible cède au plus fort, disoit Athènes aux Insulaires de Melos: nous n’avons pas fait cette loi; elle est aussi vieille que le monde & durera autant que lui. Cette même raison, qui sied si bien à l’injustice, fit qu’Athènes fut à son tour subjuguée par Lacédémone, & détruite par les Romains.

Deux choses à retenir. D'abord, le message envoyé aux Anglais, ces Athéniens du XVIIIème siècle: Sparte est là — c'est la France! Ensuite, le problème du "juge & partie" (viii.23), qui joue un rôle essentiel tout au long de l'HDI.

(*) Voir à ce sujet Joaquín E. Meabe. Estudios sobre Tucídides, Vol. 1. Corrientes: Moglia Ediciones, 2009.
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Tuesday, December 13, 2011

TIRADENTES

AM | @agumack

Gilles Bancarel, principal biógrafo de Raynal y presidente de la Société d'Etude Guillaume-Thomas Raynal, acuñó el término "lectura extrema" de la Historia de las dos Indias (*). Es la lectura de revolucionarios como Toussaint Louverture y Mariano Moreno. Algo menos conocido es el estudio de Raynal por Joaquim José da Silva Xavier "Tiradentes" (1746-1792) y por sus asociados en la Inconfidência mineira de 1789.

Algunas referencias:

. Roberto Ventura: "Leituras de Raynal e a ilustração na América Latina", Estudos avançados, vol.2 no.3 São Paulo Sept./Dec. 1988.

. Luiz Carlos Villalta. Reformismo Ilustrado, Censura e Práticas de Leitura: Usos do Livro na América Portuguesa. São Paulo, 1999.

. Kenneth Maxwell. Conflicts & Conspiracies. Brazil and Portugal, 1750-1808. New York: Routledge, 2004.

(*) Gilles Bancarel. Raynal ou le devoir de vérité. Paris: Honoré Champion, 2004.
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Monday, December 12, 2011

DID JAMES MADISON READ THE HISTOIRE DES DEUX INDES?

AM | @agumack

There is in America a "near-religious" veneration for The Federalist, writes Bernard Bailyn. Historians and political scientists regularly delve into Federalist #10 in search for clues regarding its possible sources. According to Joseph Ellis, James Madison wrote it "with the mentality of a lawyer defending a client" (*). But what if #10 was in fact a re-working of some of Denis Diderot's texts in Book XVIII of Histoire des deux Indes? I explore this possibility in chapter 6 ("Contrapesos") of El 'best-seller' que cambió el mundo. The similarities are indeed striking. But while Diderot remained trapped in a small-republic mindset, Madison's breakthrough allowed him to think in terms of an "extended republic".

Now look at Madison's 1792 article on "Property". Once again, there are striking similarities with Diderot.

- "[A man] has a property very dear to him in the safety and liberty of his person" (Madison).

- "La premiére propriété est la personnelle" (Diderot - Nakaz).

 - "La liberté, est la propriété de soi" (HDI 1780, xi.24).

 - "...a man has a property in his opinions. He has an equal property in the free use of his faculties and free choice of the objects on which to employ them" (Madison).

- "Sans liberté, ou la propriété de son corps & la jouissance de son esprit, on n’est ni époux, ni père, ni parent, ni ami. On n’a ni patrie, ni concitoyen, ni dieu" (HDI 1780, xi.24)

- "Where an excess of power prevails, property of no sort is duly respected" (Madison).

 - "Où la puissance souveraine est illimitée, il n'y a point de propriété" (Diderot - Mélanges pour Catherine II).

- "La souveraineté illimitée ne peut avoir des sujets, parce qu’elle ne peut avoir des propriétaires" (HDI 1780, xix.2).

(*) Joseph J. Ellis. American Creation. Triumphs and Tragedies at the Founding of the Republic. New York: Knopf, 2007.
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Friday, December 9, 2011

"EN PRÉSENCE DE LEUR DESPOTE"

AM | @agumack

"... ces Castillans, autrefois si redoutés, sont aussi petits devant la superstition, que des esclaves asiatiques en présence de leur despote" (HDI 1780, vii.31). Selon toute vraisemblance, la phrase provient d'Helvétius: "L'homme en présence de son despote est sans opinion & sans caractere" (De l'homme, ix.10).


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Thursday, December 8, 2011

HISTOIRE DES DEUX INDES & ENGLISH LAW

AM | @agumack

I'm still reading Jonathan Israel's book, Democratic Enlightenment. Philosophy, Revolution, and Human Rights, 1750-1790 (New York: Oxford University Press, 2011) [info]. Prof. Israel's scholarship is impressive. And he writes very much à la Diderot: with enthusiasm. All in all, 1066 pages of extremely useful information. On page 230, Mr. Israel states that "The Histoire philosophique, the most widely distributed of all radical texts in the late eighteenth century, a work well known in English translation, in Britain, Ireland, and America, pronounced English law the most irrational, entangled, contradictory, and chaotic corpus of law known to man". The footnote refers to HDI 1780, ix.

This is true. But one should note that Raynal is mostly baffled by England's system of civil law. In a very interesting passage on French Canada after 1763 (HDI 1780, xvii.9), the abbé has nothing but praise for English criminal procedure, which was received with joy by French colonists:

On fit plus d’attention à l’établissement des loix criminelles d’Angleterre. C’étoit un des plus heureux présens que pût recevoir le Canada. Auparavant, un coupable, vrai où présumé, étoit saisi, jetté dans une prison, interrogé, sans connoître, ni son délit, ni son accusateur, sans pouvoir appeller auprès de lui, ou ses parens, ou ses amis, ou des conseils. On lui faisoit jurer de dire la vérité, c’est-à-dire, de s’accuser lui-même, & pour comble d’absurdité, sans attacher aucune valeur à son témoignage. On s’étudioit ensuite à l’embarrasser de questions captieuses, dont il étoit plus facile au crime impudent qu’à l’innocence troublée de se démêler.

On eût dit que la fonction d’un juge n’étoit que l’art subtil de trouver des coupables. On ne les confrontoit avec ceux qui avoient déposé contre lui qu’un instant avant le jugement qui prononçoit, ou l’absolution, ou le plus ample informé, ou la torture & le supplice. Dans le cas d’absolution, l’innocent obtenoit aucune indemnité. Au contraire, la sentence capitale étoit toujours suivie de confiscation: car telle est en abrégé la procédure criminelle Françoise. La Canadien conçut facilement & sentit vivement le prix d’une législation qui ne laissoit subsister aucun de ces désordres.

Following Montesquieu's lead, both Raynal and Diderot are keenly aware of the importance of criminal procédure. I deal with this issue, which plays an important role in the political economy of Histoire des deux Indes, in chapter 6 ("Contrapesos") of El 'best-seller' que cambió el mundo.
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Wednesday, December 7, 2011

UNA PEQUEÑA 'TRAMPA' DE RAYNAL

AM | @agumack

Uno de los cambios más notables entre las ediciones de la Histoire des deux Indes es el referido a importancia de la "degeneración" de los seres vivos en América. Sobre este punto, la influencia de Benjamin Franklin fue seguramente determinante. (A Diderot tampoco la causaba gracia la idea). He detectado una pequeña 'trampa' de Raynal referida a la fecundidad de las mujeres en Pensilvania. (La baja fecundidad era un criterio clave de la supuesta degeneración). Como por arte de magia, el texto cambia completamente de sentido entre una edición y otra: 

Les Pensilvains sont, en général, bien faits, & leurs femmes d’une figure agréable. Plutôt mères qu’en Europe, elles cessent aussi plutôt d’être fécondes. (HDI 1776, xviii.3)

Les Pensilvains sont, en général, bien faits, & leurs femmes d’une figure agréable. Plutôt mères qu’en Europe, elles continuent plus long-tems d’être fécondes. (
HDI 1780, xviii.5)

Volveremos sobre el asunto.
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Tuesday, December 6, 2011

LOS MILITARES & LA HISTOIRE DES DEUX INDES

AM | @agumack

En el muy interesante Beaumarchais and the American Revolution (Boston Books, 2003), Brian Morton y Donald Spinelli relatan el episodio de la llegada a Norteamérica, a finales de 1777, de Friedrich Wilhelm Rudolf Gerhard Augustin, "Baron" von Steuben (1730-1794). En pocos meses, el pintoresco militar prusiano saltará a la fama por su contribución a la disciplina y al entrenamiento de las tropas comandadas por George Washington. Steuben tenía una carta de recomendación de Benjamin Franklin, pero fue el propio Beaumarchais quien pagó su traslado y le prestó los fondos necesarios.

Como Steuben no sabía inglés, Beaumarchais le encontró un secretario, el joven Pierre Etienne Duponceau. El 26 de septiembre de 1777, Steuben, Duponceau y otros embarcan desde Marseille en Le Flamand. Éste es el relato de Morton y Spinelli:

To pass the time Duponceau and the baron read Abbé Guillaume Thomas François Raynal's famous study of America, Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes (A Philosophical and Political History of the Settlements and Trade of the Europeans of the East and West Indies. First published in 1770 and containing disquisitions against slavery, despotism, and religion, it was immediately banned in France but still enjoyed some thirty editions).

El libro de Raynal circulaba en Norteamérica por lo menos desde 1775, bajo la forma de panfletos y ediciones 'piratas'. Lo interesante del caso von Steuben es que refuerza la idea de la importancia de los militares como difusores de la Histoire des deux Indes: La Fayette, Chastellux, von Steuben, Camboulas — y seguramente muchos otros. Asunto a seguir...
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Monday, December 5, 2011

VIDEO: JEFFERSON IN PARIS (II)

AM | @agumack

The scene is taken from James Ivory's movie Jefferson in Paris (1995), starring Nick Nolte, Gwyneth Paltrow and Thandie Newton. Only a few seconds will concern us here: from 01:40 to 2:20. In a Parisian salon, Thomas Jefferson introduces the "seven-foot tall" moose, collected in Vermont and shipped to Paris (at great expense to himself), where it arrived in October 1787 (*). It is a fictitious rendering, since Buffon was ill and away from Paris [see]. (In early 1786, the two men had dined together with Chastellux at the Jardin du Roi; Jefferson and Raynal never met).

The overall context, needless to say, is the so-called "degeneracy" of living species in the New World. In chapter 9 of El 'best-seller que cambió el mundo ("Degeneración, regeneración"), I venture to suggest that Diderot —who must have felt deeply at odds with the idea of dégénération— actually provided a dialectical counterpoint to Raynal with his radical views on régénération:

Une nation ne se régénère que dans un bain de sang (HDI.80, XI.4)

The notion of régénération, inspired from Ovid and from Dr. Trembley's work on polypes d'eau douce, would prove to be one of the most explosive legacies of Histoire des deux Indes.

(*) See Jonathan Camio: "L'abbé Raynal et la dispute du Nouveau Monde. Le cas de l'Histoire des deux Indes en 1770", in Gilles Bancarel (ed.) Raynal et ses réseaux. Paris: Honoré Champion, 2011, pp. 307-319 [see].
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Friday, December 2, 2011

VIDEO: JEFFERSON IN PARIS (I)

AM | @agumack

The John Adams HBO Series [see] includes a long episode on Adams's stay in Paris, where he repeatedly met Guillaume-Thomas Raynal, author of Histoire des deux Indes. This scene, featuring Franklin, Adams and Jefferson, is dated from 1785, shortly before Franklin's return to America. At that time Raynal was back in France, but he was not allowed to stay in Paris. Watch Jefferson steal the show at 0:17 with his well-known tirade about the Earth belonging "exclusively to the living" (*).

There is little doubt in my mind that this idea derives from Diderot's chapter 42 of Book XVIII in Histoire des deux Indes [see]. Indeed, we can be fairly confident that Adams and Jefferson did discuss it while in Europe. In his letter IV to Le politique hollandais (22 January 1782), Adams quotes in French the key passage from Révolution de l'Amérique: "Qu'il n'est nulle forme de gouvernement, dont la prérogative soit d' être immutable. Nulle autorité politique qui créée hier ou il y a mille ans, ne puisse être abrogée dans dix ans ou demain. Nulle puissance, si respectable, si sacrée qu'elle soit, autorisée à regarder l'État comme sa propriété" (pp. 42-43).

More video next time.

(*) Jefferson to Monroe, Paris, September 6, 1789 [see].
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Thursday, December 1, 2011

JOHN ADAMS ON RAYNAL (I)
"...his Genius & Eloquence" — John Adams

AM | @agumack

In 1996, in vol. 12 of The Papers of John Adams (*), editor Gregg Lint published for the first time a series of four letters to Le politique hollandais on Raynal's Révolution de l'Amérique. There's lots of information to read here — it will take a couple of posts to present it. The first thing to note is that John Adams was "encouraged by the abbé himself". This fits well with the evidence according to which key individuals such as Franklin, Adams, Campomanes and Miranda were encouraged to provide information for subsequent editions of Histoire des deux Indes. This is precisely why Raynal's biographer Gilles Bancarel has dubbed HDI a "Wikipedia avant l'heure" [see].

The first letter is very short (2 paragraphs). It merely introduces the theme. Already, Adams detects the powerful combination of reason and pathétique:

... a Writer, so distinguished by his Genius & Eloquence as the abby Raynal, in a work embellished with ornaments to captivate every Man of Taste and Letters, and enriched with such a Variety of usefull knowledge, to secure its Immortality, ought to be corrected in Season, lest they should be found to injure the great Cause of Truth Liberty and Humanity, to which this Writer has devoted his Life and Labour.

(*) Gregg L. Lint (ed.) The Papers of John Adams. Harvard University Press, 1996, Vol. 12, pp. 204-205.
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