Tuesday, September 17, 2013

MORE ON SCHUMPETER & HELVÉTIUS

AM | @HDI1780

"Le génie est commun" — Helvétius

Joseph Schumpeter, writes Erik Reinert, "was uniquely skilled in following the mental filiations of economic thought through history". And he adds: "Schumpeter's reluctance to state his own intellectual filiations makes him appear more unique to posterity than he really was" (*). That's exactly right! As readers of this blog know, I have been able to trace some of Schumpeter key insights on innovation  the phrases new combinations and creative destruction, the meaning of genius, and others to the work of Eigtheenth-century French philosophes.

* * *

I'll come back to this story in further posts. Meanwhile, I leave you with the very eloquent first pages of Helvétius's De l'esprit, discours IV, chapitre 1:

Du Génie.

Beaucoup d’auteurs ont écrit sur le génie : la plupart l’ont considéré comme un feu, une inspiration, un enthousiasme divin ; & l’on a pris ces métaphores pour des définitions.

Quelque vagues que soient ces especes de définitions, la même raison cependant qui nous fait dire que le feu est chaud, & mettre au nombre de ses propriétés l’effet qu’il produit sur nous, a dû faire donner le nom de feu à toutes les idées & les sentimens propres à remuer nos passions, & à les allumer vivement en nous.

Peu d’hommes ont senti que ces métaphores, applicables à certaines especes de génie, tel que celui de la poësie ou de l’éloquence, ne l’étoient point à des génies de réflexion, tels que ceux de Locke & de Newton.

Pour avoir une définition exacte du mot génie, & généralement de tous les noms divers donnés à l’esprit, il faut s’élever à des idées plus générales ; &, pour cet effet, prêter une oreille extrêmement attentive aux jugemens du public.

Le public place également au rang des génies, les Descartes, les Newton, les Locke, les Montesquieu, les Corneille, les Moliere, &c. Le nom de génies qu’il donne à des hommes si différens suppose donc une qualité commune qui caractérise en eux le génie.

Pour reconnoître cette qualité, remontons jusqu’à l’étymologie du mot génie, puisque c’est communément dans ces étymologies que le public manifeste le plus clairement les idées qu’il attache aux mots.

Celui de génie dérive de gignere, gigno ; j’enfante, je produis ; il suppose toujours invention : & cette qualité est la seule qui appartienne à tous les génies différens.

Les inventions ou les découvertes sont de deux espèces. Il en est que nous devons au hasard ; telles sont la boussole, la poudre à canon, & généralement presque toutes les découvertes que nous avons faites dans les arts.

Il en est d’autres que nous devons au génie : &, par ce mot de découverte, on doit alors entendre une nouvelle combinaison, un rapport nouveau apperçu entre certains objets ou certaines idées. On obtient le titre d’homme de génie, si les idées qui résultent de ce rapport forment un grand ensemble, sont fécondes en vérités, et intéressantes pour l’humanité (I).

Or, c’est le hasard qui choisit presque toujours pour nous les sujets de nos méditations. Il a donc plus de part qu’on n’imagine aux succès des grands-hommes, puisqu’il leur fournit les sujets plus ou moins intéressans qu’ils traitent, & que c’est ce même hasard qui les fait naître dans un moment où ces grands-hommes peuvent faire époque.

(I) Le neuf & le singulier, dans les idées, ne suffit pas pour mériter le titre de génie ; il faut, de plus, que ces idées neuves soient ou belles, ou générales, ou extrêmement intéressantes.
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(*) Erik S. Reinert: "Steeped in Two Mind-Sets: Schumpeter in the Context of Two Canons of Economics" in Jürgen Backhaus (ed.) Jospeh Alois Schumpeter. Entrepreneurship, Style and Vision. Dordrecht: Kluivert, 2003, p. 262.

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