Monday, July 29, 2013

MABLY

AM | @HDI1780

"...cette multitude de contreforces" — Mably

Raynal a-t-il lu les Doutes proposés au philosophes économistes sur l'ordre naturel et essentiel des sociétés politiques (1768) de l'abbé Mably ? Sans doute ! Le chapitre 35 du Livre XVIII reproduit l'expression-clé du livre, à savoir le « système des contre-forces » (p. 185).  Mais il ne s'agit pas seulement d'une question de vocabulaire. En effet, l'Histoire des deux Indes reprend l'argument envisagé par Mably sur l'origine du système des contre-forces : l'inégalité dans la distribution de la propriété. Quelques chapitres plus tard, Diderot étend cette idée à l' « inégalité naturelle » (force, talents, etc.).

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Ces textes de Mably (Lettre X, p. 312), Raynal (HDI 1780, xviii.35) et Diderot (HDI 1780, xviii.42) constituent la clé de voûte de la pensée de James Madison dans le Fédéraliste No. 10. L'inégalité sera toujours là ; il est inutile de nier son existence ; seules les contre-forces peuvent en modérer les effets pervers. Mais alors que Mably rêve d'utopies rétroactives et méprise le commerce, l'HDI fait l'apologie de la « communication des peuples » ; plus modernes, Raynal et Diderot refusent de parler de « gouvernement mixte ». Et si Mably défend l'idée d'un pouvoir exécutif collégial, l'Histoire des deux Indes anticipe le Fédéraliste et la nécessité d'un exécutif unipersonnel.

Certes, Madison ira encore plus loin que Raynal et Diderot : car il entrevoit, à partir de ces mêmes idées, la possibilité d'une république à grande échelle. Mais n'oublions pas Mably pour autant !
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