Friday, May 31, 2013

LEADERSHIP
"... l'enthousiasme des fondateurs ..." — Diderot

AM | @HDI1780

L'Histoire des deux Indes contient toute une théorie du « leadership ». C'est un aspect peu connu du livre. J'ose même dire que c'est un trait généralement négligé (à tort) dans les études sur les idées politiques au XVIIIe siècle. J'essaye de développer les principaux éléments de cette théorie du leadership dans El best-seller que cambió el mundo. Un des ses principaux aspects est le paradoxe selon lequel le leader ou « fondateur de nations », un être rempli d'ambition et de passions, est à la fois doué d'une (rare) capacité d'auto-contrôle.

C'est l'image de Lysimaque, le seul écrit publié par Montesquieu à son nom [voir]. Dans ses notes sur l'Essai sur les règnes de Claude et de Néron, Wilhelm von Humboldt remarque : « Ueber die Moral. IX. 215. Qu'est-ce que la vertu? C'est sous quelque face que l'on la considère, un sacrifice de soi-même »  [voir]. Tout ceci pose la question du leadership de George Washington aux États-Unis. Attentif lecteur de l'Histoire des deux Indes, Washington est mentioné par Diderot : « Leur chef, Wasington ... » (HDI 1780, xviii.46).

Affaire à suivre...
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Thursday, May 30, 2013

DIDEROT
"...un véritable enthousiasme..." — Diderot

AM | @HDI1780

Nous avons reçu cette communication à propos du nouveau livre de Gianluigi Goggi, De l'Encyclopédie à l'éloquence républicaine. Étude sur Diderot et autour de Diderot, publié ces jours-ci par Honoré Champion:

Le point de départ du volume est constitué par la tentative d’interpréter la signification du contraste moral, mais aussi politique et social entre Lui et Moi dans Le Neveu de Rameau. Les autres études du recueil permettent de suivre la confrontation du Philosophe avec quelques positions philosophiques significatives. 

Une place particulière dans l’analyse est prise par l’attention prêtée au décryptage de certaines images du langage politique du Philosophe. La dernière partie du recueil vise à présenter l’importance que prend la référence au modèle révolutionnaire anglais et le recours à l’éloquence « républicaine » dans la collaboration de Diderot à l’Histoire des deux Indes de l’abbé Raynal.

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Gianluigi GOGGI

DE L'ENCYCLOPÉDIE 
À L'ÉLOQUENCE RÉPUBLICAINE

Étude sur Diderot
et autour de Diderot


PARIS
HONORÉ CHAMPION ÉDITEUR
www.honorechampion.com

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Wednesday, May 29, 2013

"AN EXTRAORDINARY BEST-SELLER BY ANY BIBLIOMETRIC MEASURE"
"...bibliometric events..." — Mark Curran

AM | @HDI1780

On his Twitter account yesterday [@c18booktrade], Mark Curran announced the publication of his research work on the double-entry account books of Société typographique de Neuchâtel (STN) (*). Following my immediate RT, Mr Curran tweeted back in reference to Histoire des deux Indes:

@HDI1780 Indeed, and thanks! A remarkable book and extraordinary best seller by any bibliometric measure.

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The article is certainly worth the attention of anyone interested in French book history circa 1780. On page 98, the author draws up the list of the STN's overall top-ten clandestine best-sellers:

1. Tableau de Paris, Louis-Sébastien Mercier –14,065 (sales)

2. Contrat conjugal, Jacques Le Scène-Desmaisons –4,164

3. Histoire des deux Indes, Guillaume-Thomas-François Raynal –3,684

4. Questions sur l’Encyclopédie, Voltaire –2,511

5. Dissertation sur l’établissement de l’abbaye de S. Claude, Charles-Gabriel-Frédéric

Christin–2,504

6. Requête au Conseil du Roi, Simon-Nicolas-Henri Linguet –2,201

7. Dieu, Voltaire –2,187

8. Système de la nature, D’Holbach–1,972

9. De la verité, Jaques-Pierre Brissot de Warville –1,930

10. L’an 2440, Louis-Sébastien Mercier –1,904


Mr Curran adds: "Specialists will remark that these top-tens do not wildly differ from those presented in Robert Darntons's The forbidden best-sellers and The corpus of clandestine literature. Mercier, Voltaire, d'Holbach, Raynal, and Brissot all occupy plum positions [...] Erotic works comprised only 10.7 per cent of the STN’s illegal sales and those railing against despotism just 3.6 per cent. Instead, the themes of a higher Enlightenment –philosophy (32 per cent), religion (24 per cent), politics (20 per cent), social issues (20 per cent), current affairs (17), and social mores (17 per cent) –dominated the society’s illegal shipment".

(*) Mark Curran: "Beyond the Forbidden Best-Sellers of Pre-Revolutionary France", The Historical Journal, 56, 1 (2013) pp. 89-­112.
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Tuesday, May 28, 2013

POLICY RISK
"Il y a des expédients pour tout" — Montesquieu

AM | @HDI1780

More on the 'institutional' theory of credit markets. The following passage comes from Montesquieu's Dossier de l'Esprit des lois, as edited by Roger Caillois in 1949:

354* (1739. III, f 54 V). — Sur le Crédit public dans le gouvernement populaire. — Ceux qui gouvernent sont ordinairement plus ménagers de l'argent public, parce qu'ils le sont plus du leur : ils ont moins de passions, moins de fantaisies et, par conséquent, moins de besoins. Dans le gouvernement d'un seul, la ruine du crédit public peut venir d'une action imprudente, d'un avantage momentané ou d'un mauvais conseil.

Thus, unstable credit markets in despotic governments result not only from weak property rights, but also from the arbitrary nature of the decision-making process (*). Policy risk, anyone?

(*) Montesquieu's comments come just after the mise en scène of a "visir" who dreams up ambitious economic plans to improve the financial situation of dey Méhémet-Géry (353*). It may well be the source of Diderot's own visir story in Histoire des deux Indes (1780, xix.10, p. 388): "Comment l’homme qui a mal géré ses propres affaires, administrera-t-il celles d’un grand état?"
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Sunday, May 26, 2013

FOUR LETTERS
"...tout le bien tourne en mal" — Ferdinando Galiani

AM | @HDI1780

[1] Hume to Morellet. David Hume writes to abbé Morellet about the Prospectus of the latter's Dictionnaire du commerce (*). Hume briefly discusses the nature of money, and directs the attention of Morellet to the paper currency of Pennsylvania, backed by land. He then proceeds to rail against the "economists" (the physiocrates): "But I hope that in your work you will thunder them, and crush them, and pound them, and reduce them to dust and ashes ! They are indeed, the set of men most chimerical, and most arrogant that now exist, since the annihilation of the Sorbonne. I ask your pardon for saying so, as I know you belong to that venerable body. I wonder what could have engaged our friend, M. Turgot, to herd among them ; I mean, among the economists ; tho I believe he was also a Sorbonnist..."

(*) David Hume to André Morellet, 10 July 1769. David Hume. Writings on Economics, Eugene Rotwein (ed.). New Brunswick: Transaction Publishers, 2007, pp. 215-216.
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[2] Jovellanos a Villanueva del Prado. A finales de 1810, Jovellanos no esconde su decepción por las deliberaciones de las Cortes de Cádiz. Le molesta profundamente la ausencia de mecanismos de equilibrio en la nueva constitución (*). Muy influenciado por John Adams y por su defensa del bicameralismo, Jovellanos lamenta particularmente la falta de un poder ejecutivo fuerte e uni-personal: "Otro tanto ó peor sucederá á estos [los nuevos regentes], porque oprimidos de cerca por las Cortes, nada podrán hacer bien en medio de tantos apuros, y todo se les imputará si saliere mal. Por lo demás, un poder ejecutivo sin facultades, una Asamblea legislativa sin balanza, ni doble deliberación, ni época de cesacion ni de renovacion..."

(*) Gaspar M. de Jovellanos al marqués de Villanueva del Prado, 29 de diciembre de 1810, en Cándido Nocedal (ed.) Obras de Don Gaspar Melchor de Jovellanos, Tomo II. Madrid: M. Rivadeneyra, 1859, pp. 375-376.
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[3] Galiani à Mme d'Épinay. Ferdinando Galiani réagit au succès de l'Histoire des deux Indes (*) : « ... l'histoire philosophique est donc de l'abbé Raynal ? Il y a peu d'hommes au monde que je vénère et que j'aime davantage. Ainsi je suis ravi du succès de son livre: il est très bien écrit, d'un style fleuri; c'est le livre d'un homme de bien, très-instruit, très-vertueux; mais ce n'est pas mon livre. En politique je n'admets que le machiavélisme pur, sans mélange, cru, vert, dans toute sa force, dans toute son âpreté [...] Il nous reproche d'être les brigands des Indes ; mais Scipion put bien l'être des côtes de Barbarie, et César des Gaules. Il dit que tout cela tournera mal ; mais tout le bien tourne en mal. La danse se tourne en lassitude, ne dansez donc pas; l'amour en peines, n'aimez donc pas [...] Il n'y a plus de commerce lucratif au monde ; détrompez-vous. Le seul bon est de troquer des coups de bâton qu'on donne, contre des roupies qu'on reçoit. C'est le commerce du plus fort. Voilà mon livre ; bon soir. »

(*) Ferdinando Galiani à Mme d'Épinay, Naples, 5 septembre 1772, dans Correspondance inédite de l'abbé Ferdinando Galiani, Tome II. Paris: Treuttel et Würtz, 1818, pp. 75-76.
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[4] James Madison to John Adams. In 1817, two former U.S. presidents find themselves reading ... Condorcet! Madison makes a crucial point about the importance of the elective principle (*). The old idea of a "mixed government" is now passé, unless it can be revived with the help of a modern checks-and-balances theory that upholds the elective principle. Both Adams and Jovellanos failed to come to terms with this reality — but not Mariano Moreno in Buenos Aires! "The great question now to be decided, and it is one in which humanity is more deeply interested than in any political experiment yet made, is, whether checks and balances sufficient for the purposes of order, justice, and the general good, may not be created by a proper division and distribution of power among different bodies, differently constituted, but all deriving their existence from the elective principle, and bound by a responsible tenure of their trusts".

(*) James Madison to John Adams, 22 May 1817, The Founders' Constitution, Volume 1, Chapter 10, Document 22 [see].
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Friday, May 24, 2013

FOUR SHORT LINKS
"...those ancient improvers" — Adam Smith

AM | @HDI1780

[1] Gilles Bancarel. Le président de la Société d'Étude Guillaume-Thomas Raynal [voir], Gilles Bancarel, sillonne la France pour expliquer l'oeuvre de l'abbé. C'était sur le 20H de TF1, le 9 mai (*). Gilles Bouleau, le présentateur, introduit le sujet: « Il fut le premier à réclamer l'abolition de la traite des hommes. Et pourtant, peu de Français connaissent son nom. Portrait de l'Abbé Raynal, esprit des Lumières perdu dans les oubliettes de l'Histoire. » À remarquer : la vue du navire qui transporte des marchandises et des esclaves, le manuscrit de l'Histoire des deux Indes.

(*) VIDEO: "L'Abbé Raynal, philosophe oublié dans l'ombre de Diderot et Voltaire", TF1.
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[2] Diderot. Mini-colloque dans un bar de Barcelone sur le livre de Anthony Pagden, Enlightenment [voir]. Problème : le différend Diderot-Voltaire à propos de l'affaire Maupeou (début 1771), différend qui reviendra trés vite au sujet d'une autre affaire [voir]. « Il s'agit moins d'un problème entre modérés et radicaux, que d'un différend entre sceptiques et rationalistes », dit l'un des participants, tout en feuilletant les premiers chapitres du livre. Ce soir-là, je tombe sur cet article de Marc Riglet, qui résume bien la position de Diderot (*) : « Il ne peut se résoudre à défendre un pouvoir arbitraire. Et quoi qu'il pense du corps des parlementaires - "resté gothique dans ses usages, intolérant, superstitieux, jaloux du prêtre et ennemi du philosophe, vendus aux grands...", il fait fond sur la perspective d'une représentation légitime de la nation, le partage du pouvoir législatif avec le monarque et, partant, la limite de son arbitraire. »

(*) Marc Riglet : « Diderot, philosophe du plaisir », L'Express, 2 mai 2013.
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[3] Jefferson. The trickiest problem faced by republican constitution makers has always been the construction of the ... executive power. Alexandre Deleyre in the Tableau de l'Europe (1774) and Raynal himself in 1791 were among the few French philosophes who defended the idea of a strong, undivided executive. I have already mentioned Thomas Jefferson's letter to Alexander von Humboldt on this issue [see]. Here's another letter, from the same period, to Destutt de Tracy: "One of its doctrines, indeed, the preference of a plural over a singular executive, will probably not be assented to here... The experiment in France failed after a short course, and not from any circumstance peculiar to the times or nation, but from those internal jealousies and dissensions in the Directory, which will ever arise among men equal in power, without a principal to decide and control their differences ...The failure of the French Directory seems to have authorized a belief that the form of a plurality, however promising in theory, is impracticable with men constituted with the ordinary passions."

(*) Thomas Jefferson to Destutt de Tracy, 26 January 1811 [see].
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[4] D'Holbach. Grâce à Hemmi Tatsuo sur Twitter [voir], je prends connaissance du Colloque D'Holbach, le 28 juin 2013 (*). À remarquer l'intervention de Frank Salaün : « Diffuser la bonne doctrine : la propriété dans le Système social et la Politique naturelle. »

(*) 17-18 Colloque D'Holbach, CELLF [voir].
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Wednesday, May 22, 2013

WILHELM VON HUMBOLDT IN PARIS, 1799


"Er weiss viel Sachen, aber keine recht" — Wilhelm von Humboldt

AM | @HDI1780

Volume 15 of Wilhelm von Humboldt's Gesammelte Schriften contains a number of witty remarks on Diderot and, more generally, on Parisian writers and celebrities. The notes, taken in his Tagebuch, are dated from Nivose an VII (January 1799). While his brother Alexander was preparing his journey throughout northern South America (and the United States), Wilhelm went to dinner parties, to literary salons and to the théâtre. And he read quite a bit (*). According to Jacques-Philippe Saint-Gérand, Humboldt saw France as the « instigateur de l’orientation donnée à la manière de penser de la fin de notre siècle » [see]. Here are a some interesting passages — this will take a couple of posts.

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. Hume and d'Holbach. Gespräch mit dem Sohn des Baron Holbach bei der Vandeuil — Sein Vater hat Rousseaun angeboten, seine Kinder umsonst zu erziehen. Dieser aber hat es ausgeschlagen. — Hume hat seinem Vater einem Englischen Brief geschrieben, den der Sohn noch hat, in dem er sagt: er (Holbach) habe ihm wohl vorhergesagt, dass le bon Hume die dupe dieses Menschen seyn werde. — Die Briefe sind merkwürdig, obgleich platt gegen Rousseau. Ich sah sie und las sie selbst.

. Oeuvres de Diderot. Vol 8.9. — 21. Essai sur les regnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque. Eine äusserst interessante Schrift, da sie ganz in Diderots Eigemütlichkeit geschrieben ist. Es ist keine fortlaufende Geschichte, keine vollständige Analyse, es geht immer Sprungweise, immer mit Abschweidungen, oft wie ein Brief, oft sogar wie ein Gespräch. Der historische Theil ist sehr gut behandelt. [...] Les grandes passions anéantissent les fantaisies qui naissent de la frivolité et de l'ennui; je ne conçois pas, comment un être sensible peut agir sans passion.

. Oeuvres de Diderot. Vol 8.9. — 21. Essai sur les regnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque. VIII.86. Ueber das Recht des Widerstands des Volks gegen beleidigte Meschenrechte. VIII. 176. Sehr starke Stellen über das Recht der Sklaven, ihre Herren zu morden, mit Wunsch ausgedrückt. IX.110. Lobender Antheil an der Amerikanischer Freiheit. IX. 185. Aber auch se dépopulariser et se rendre meilleur, c'est la même chose. VIII. 470. Definition des Philosophen,. qui s'exerce constamment à la recherche de la vérité et à la pratique de la vertu.

Oeuvres de Diderot. Vol 8.9. — 21. Essai sur les regnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque. Diderots Gutmüthigkeit und dass er leiber als honnête homme als geistreich scheinen will. VIII.93. Prachtige Stelle über die Freundschaft. VIII.368. Nur mit Montaigne vergleichbar. Aber mehr Leidenschaft und Glanz hier, weniger stille und volle Kraft, als im Alten. — Er weiss viel Sachen, aber keine recht. [...] Im philologischen Erklärungen ist er sehr unglücklich. Beweis sein Brief and Galiani über inmeritus majorum.

(*) Wilhelm von Humboldt. Tagebücher, Vol. II, in Gesammelte Schriften, Vol. 15. Berlin: B. Behr's Verlag, 1918, pp. 1-11.
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Friday, May 17, 2013

TROUVAILLES @ GOOGLE BOOKS
"Interest is raised by defective enforcement of contracts" — Adam Smith

AM | @HDI1780

[1] Adam Smith. Tomo I de la traducción del Wealth of Nations por Josef Alonso Ortiz, dedicada a Manuel Godoy (1794). Leo los pasajes sobre la teoría 'institucional' del crédito —inspirados en Montesquieu, Galiani y Raynal-Diderot y noto la pésima calidad de la traducción: "Quando la ley no prescribe los limites que deben tener los contratos, quedan los Banqueros casi en un mismo pie que un bancarrota". El original es: "When the law does not enforce the performance of contracts, it puts all borrowers nearly upon the same footing with bankrupts." Presumiblemente, Alonso Ortiz piensa en la tasa de interés 'oficial', cuando Smith se refiere claramente a la tasa de mercado. ¿El origen de un malentendido?

INVESTIGACION DE LA NATURALEZA Y CAUSAS DE LA RIQUEZA DE LAS NACIONES, TOMO I. EN VALLADOLID: En la Oficina de la Viuda é Hijos de Santander. Año de MDCCXCIV [ver]
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[2] Mably. L'abbé de Mably est un cas à part en matière de pensée politique : partisan du gouvernement mixte, il plaide cependant pour un pouvoir éxécutif partagé. Admirateur de Sparte, il rêve d'utopies rétrospectives. John Adams le rencontre plusieurs fois à Paris. Le 5 janvier 1783, Adams dîne avec les abbés Mably, Chalut, Arnoux et Tersan. Il écrira: « Had more Conversation with Mably than at any Time before. He meditates a Work upon our American Constitutions » . Le livre fut publié en 1784 avec la collaboration de Marie-Antoine Cerisier et John Adams.

OBSERVATIONS SUR LE GOUVERNEMENT ET LES LOIX DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE, Par M. l'abbé de Mably. A AMSTERDAM, CHEZ J.F. ROSARD & COMP. // M  DCC  LXXXIV [voir]
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[3] Jefferson. I have already mentioned André Morellet's translation of Thomas Jefferson's Notes on the State of Virginia [see]. Although the title indicates "1786", it was published in early 1787. The details of that translation are studied by Gordon S. Barker: "Unraveling the Strange History of Jefferson's Observations sur la Virginie", The Virginia Magazine of History and Biography, 2004. Raynal is sharply criticized for his views on dégénération. In 2009, I found proof that Mariano Moreno read Morellet's version of the Notes, which he quoted at length in Gazeta de Buenos-Ayres.

OBSERVATIONS SUR LA VIRGINIE  PAR M. J***  TRADUITES DE L'ANGLOIS A PARIS. Chez BARROIS, l'aîné, Libraire, rue du Hurepoix, près le pont Saint-Michel  1786 [see].
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[4] D'Holbach. Encore un partisan de la théorie institutionnelle du crédit. D'Holbach partage le rejet de David Hume (et de bien d'autres) à l'encontre de l' « invention funeste » du crédit public. Plus le gouvernement tend au despotisme, moins il aura de crédit : « Dans les Etats soumis à des maîtres absolus (comme en Turquie) il n'existe point de crédit public» (p. 78). Magnifique !

SYSTÊME SOCIAL, OU PRINCIPES NATURELS DE LA MORALE ET DE LA POLITIQUE  // TOME TROISIEME  LONDRES MDCCLXXIII [voir].
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Tuesday, May 14, 2013

PHILOPROGENITIVENESS
"...ou étouffe-t-il l’enfant dans le sein des mères luthériennes, lorsqu’elles sont fécondes?" — Raynal

AM | @HDI1780

In his excellent 1957 study of Benjamin Franklin's Speech of Polly Baker, Alfred Owen Aldridge mentions the notion of philoprogenitiveness — "the typical eighteenth-century fondness for fecundity and procreation as such" (*). He then adds, somewhat surprisingly, that "Raynal, however, is only incidentally concerned with procreation". In fact, a quick sweep of Books XI to XIX with the F5 key reveals dozens of mentions to "fécond, féconde, fécondité". I have already discussed one case in which Franklin's influence may have led Raynal to introduce a subtle but significant change in the 1780 edition of Histoire des deux Indes [see].

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But Mr. Aldridge had a point. Most of the times, the words "fécond, féconde, fécondité" show up in the context of land: "C'est au Nil qu'est due une si heureuse fécondité (xi.3) ... un seul neuf, fécond & varié (xiii.58) ... cette fécondité particulière aux campagnes nouvellement défrichées." (xiv.6). In a more abstract sense, Raynal mentions "un principe fécond ... un siècle fécond en grands événemens". Fecundity is sometimes used in the sense of creativity: "Le génie Italien, trop fécond pour ne pas créer" (xix.12). And here's another sentence that anticipates the views of Joseph Schumpeter on innovation:

La fécondité de l’invention dévancera toujours la promptitude de l’imitation. (xiii.53)

Raynal's (and Franklin's) philoprogenitiveness is clearly on display in the Polly Baker tale, which helped to establish the "legendary personality" of Franklin:

Est-ce donc un crime de féconder ou de procréer, à l’exemple de la terre, notre mère commune? D’augmenter le nombre des colons dans un pays nouveau qui ne demande que des habitans? .... J’ai toujours été, je suis encore disposée à me marier; & je me flatte que je serois digne d’un état si respectable, avec la fécondité, l’industrie, & la frugalité dont la nature m’a douée: car elle m’avoit destinée à être une femme honnête & vertueuse......& je demande encore la peine qui m’attend, plutôt que de cacher les fruits de la fécondité que le ciel a donnée à l’homme & à la femme, comme sa première bénédiction. (xviii.21)

In the discussion of slavery in Book XI, Raynal refers to the "fécondité presque incroyable" of slave women (xi.23). And here's Diderot, in his apology of créoles: "Elles sont très-fécondes, souvent mères de dix ou douze enfans. Cette propagation vient de l’amour qui les attache fortement à l’homme qu’elles possèdent, mais qui les rejette promptement vers un autre, dès que la mort a rompu les nœuds d’un premier ou d’un second hymen." (xi.31).

In the 1780 edition, Raynal felt the need to stress his philoprogenitiveness credentials as a counterweight to the book's sometimes absurd views on dégénération, which American diplomats found so annoying. Thus, in Florida, "Les femmes qui, à raison du changement de climat, n’accouchoient d’abord que rarement, sont actuellement très-fécondes." (xviii.23).

(*) Alfred Owen Aldridge. Franklin and his French Contemporaries. New York University Press, 1957, p. 97.
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Saturday, May 11, 2013

FOUR SHORT LINKS
"...ses avances considérables et son entreprise hasardeuse..." — Diderot

AM | @HDI1780

[1] Anthony Pagden. In his new book on the Enlightenment, Anthony Pagden mentions several times Raynal's Histoire des deux Indes (*). He cites Adam Smith's remarque about the importance of the discovery of America, correctly noting that Smith failed to acknowledge Raynal on this point. But Raynal himself seems to have taken the idea from DePauw and López de Gomara [see]. From the introduction: "[The Aufklärer] identified themselves and their objectives with the historical present; their concerns were with the historical future. They were conscious that they were living though a century of 'light' or 'philosophy'. But they were also acutely aware that, as Kant famously said, although they lived in 'an age of Enlightenment', it was not yet an Enlightened age." It is worth noting that Mr. Pagden makes no reference to the notion of 'radical Enligthenment' — Jonathan Israel's latest book is cited in the notes and appears in the bibliography, but it does not feature at all in the index.

(*) Anthony Pagden. The Enlightenment. And Why it Sill Matters. New York: Random House, 2013 [web] [Introduction] [review].
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[2] Diderot. Seix-Barral vient de publier la traduction espagnole de la Lettre sur le commerce de la libraire (*). J'aime bien ce texte. A mon sens, c'est l'un des plus clairs manifestes du siècle en faveur de ... l'innovation ! Diderot met en scène « l'homme entreprenant et habile », l'homme « inventif et entreprenant » qui court « le péril des grandes entreprises ». Ces entrepreneurs sont « des hommes rares » ; leurs « talents supérieurs » permettent « la propagation des connaissances humaines » et mettent les peuples à l'abri de l'abrutissement général. Mais attention ! Il n'y a pas d'innovation sans capital (« avances ») et il n'y a pas de crédit sans ... propriété ! Voilà pourquoi il s'avère indispensable de pouvoir compter sur une « possession fixe, sûre et continue », sur la « propriété et la jouissance exclusive ». Lorsque celle-ci est mise en doute, il n'y a « plus d'espérance, plus de fonds solide, plus de crédit, plus de courage, plus d'entreprise ». Nul doute quant à moi : Joseph Schumpeter a bel et bien lu Diderot, Helvétius et Raynal [voir].

(*) Denis Diderot. Carta sobre el comercio de libros. Traducción de Alejandro Schnetzer. Barcelona: Seix-Barral, 2013 [reseña].
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[3] Melon. « L'esprit de conquête & l'esprit de Commerce , s'excluent mutuellement dans une nation », écrit Jean-François Melon en 1734 (*). Ces formules seront reprises par Montesquieu et par Raynal, tous deux partisans de l' « humanisme commercial ». L'Espagne « auroit subjugué l’Amérique entière, si elle avoit eu l’esprit de conquête comme elle avoit celui de brigandage », lit-on au Livre XI de l'HDI. Et puis, à propos des colonies en général: « L’esprit de conquête fit établir une partie des soldats vainqueurs dans des états subjugués. » (HDI 1780, xiii.40). Fort heureusement, l'esprit de commerce vient alors à la rescousse : « Tels sont les progrès de l’esprit de commerce, qu’il fait taire tous les préjugés de nation ou de religion devant l’intérêt général qui doit lier les hommes » (HDI 1780, xii.24). Et voici Alexandre Deleyre, en 1774, à propos des Pays-Bas, dans un texte qu'Adam Smith reprendra à son compte: « Ce peuple négociant porteroit ailleurs son esprit de commerce avec son argent. » (Tableau de l'Europe, 2, p. 28).

(*) Jean-François Melon. Essai politique sur le commerce, 1736, p. 79.
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[4] Hirschman. Me encantan las biografías de +/- 800 paginas (*). Hace algunos años leí el capítulo de The Passions and the Interests (1957), donde Albert O. Hirschman estudia las ideas de Claude-Adrien Helvétius sobre las pasiones humanas que se "contrapesan" mutuamente, idea que retomará Mariano Moreno en la Gazeta de Buenos-Ayres. ¡Ya mismo estoy pidiendo el libro de Jeremy Adelman!

(*) Jeremy Adelman. Wordly Philosopher. The Odissey of Albert O. Hirschman. Princeton University Press, 2013.[web][introducción].
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Sunday, April 14, 2013

SUR LES PAS DE L'ABBÉ RAYNAL !

AM | @HDI1780

Gilles Bancarel, président de la Société d'Étude Guillaume-Thomas Raynal, nous fait part de l'exposition "Sur les pas de l'abbé Raynal" à la Berlin-branderburgische Akademie der Wissenschaften. À noter la contribution de Ottmar Ette, auteur d'une longue étude sur la "Mondialisation accélérée chez Cornelius de Pauw, Georg Forster, Guillaume-Thomas Raynal et Alexander de Humboldt", publiée dans Raynal et ses réseaux, Gilles Bancarel (ed.). Paris: Honoré Champion, 2011 [info].

AUSSTELLUNG | 11.04.2013 16:00 UHR – 24.05.2013 17:00 UHR

SUR LES PAS DE L’ABBÉ RAYNAL – AUF DEN SPUREN DES ABBÉ RAYNAL

Anlässlich des 300. Geburtstags von Guillaume-Thomas Raynal zeigt die Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften in Zusammenarbeit mit der Société Raynal (Béziers) und der Universität Potsdam, gefördert von der Französischen Botschaft Berlin, eine Ausstellung zum Haupt werk des französischen Aufklärers.

Die „Histoire des deux Indes“ von Raynal ist eines der Schlüsselwerke der Aufklärung. Das Werk war einer der „Bestseller“ des 18. Jahrhunderts, durch den Ideen des Antikolonialismus, der Antisklaverei, Toleranz, Freiheit und Gerechtigkeit in eine breite Öffentlichkeit gelangten. Raynal war von 1750 bis zu seinem Tod 1796 Auswärtiges Mitglied der Preußischen Akademie der Wissenschaften und ließ sich, aufgrund seiner kritischen Schriften ins Exil getrieben, von 1782 bis 1783 in Berlin nieder.

Die Ausstellung zeigt eine Auswahl der eindrucksvollen Illustrationen des zehnbändigen Werkes sowie Archiv materialien zu Raynals Mitgliedschaft an der Akademie. Die Ausstellungstafeln sind in französischer Sprache, eine deutsche Übersetzung liegt aus.

Ausstellung
11. April – 24. Mai 2013
SUR LES PAS DE L’ABBÉ RAYNAL –
AUF DEN SPUREN DES ABBÉ RAYNAL
geöffnet: Montag bis Freitag von 9 bis 17 Uhr

Eröffnung
11. April um 16 Uhr
Guillaume-Thomas Raynal im Kontext der Berliner Debatte
um die Neue Welt
Ottmar Ette
Universität Potsdam
im Foyer des Akademiegebäudes am Gendarmenmarkt

Weitere Informationen:
An der Universität Potsdam findet am 19. April 2013 um 14 Uhr das Kolloquium „Die Globalisierung der Aufklärung – Werk und Wirkung Raynals“ statt.
Kontakt: Alix Winter, alwinter@uni-potsdam.de

Saturday, March 30, 2013

UNRAVELLING THE MYSTERY OF ADAM SMITH'S FOOTNOTES
"...une saine politique que le commerce amène toujours..." — Raynal

AM | @HDI1780

Adam Smith quotes Raynal in chapter 11 of the first book of the Wealth of Nations [see]. Presumably, the Scottish philosopher and economist was aware of Horace Walpole's mordant criticism of Histoire des deux Indes. This is why Raynal is presented as a "sometimes" well-informed author:

According to the eloquent and, sometimes, well-informed Author of the Philosophical and Political History of the establishment of the Europeans in the two Indies, the annual importation of registered gold and silver into Spain, at an average of eleven years; viz. from 1754 to 1764, both inclusive; amounted to 13,984,185¾ piastres of ten reals.

The footnotes related to HDI in the Edwin Cannan edition of the Wealth of Nations (1904) were not written by Adam Smith. They are all Cannan's notes. I am on the lookout for more references, and I think I have already found quite a few of them. Cannan thinks that Smith read the 1773 edition printed in Amsterdam:

NOUVELLE ÉDITION, CORRIGÉE,
& augmentée d'une Table des Matieres.
A AMSTERDAM
___ ___ ___ ___ ___ ___ ___ ___ ___

M.  DCC.  LXXIII.

This appears to make sense; as Smith biographer Nicholas Phillipson writes, "In the spring of 1773 Smith decided to end his Kirkcaldy retreat and to finish the Wealth of Nations in the capital. He needed company and American news" (*). Presumably, Smith bought his Histoire des deux Indes volumes in London, in May or June 1773. But keeping track of Cannan's footnotes is no easy task. One of the problems is the scarcity of Google Books volumes of the 1773 edition; so far I have only found versions of volume I [see] and volume II [see].

& & &

But there is another problem. Some of the references given by Cannan do not seem to match the content of the 1773 edition at all. One example that 'works' is the quote about Pope Alexander III in the second chapter of Book III:

The time and manner, however, in which so important a revolution was brought about is one of the most obscure points in modern history. The Church of Rome claims great merit in it; and it is certain that so early as the twelfth century, Alexander III. published a bull for the general emancipation of slaves. It seems, however, to have been rather a pious exhortation than a law to which exact obedience was required from the faithful.

Cannan's footnote reads: "...tom.1., p.12". But it isn't there! Rather, it is on page 18 [see]. One can find it, however, on page 12 of the 1772 edition [see]. In other words: Smith did not buy the 1773 edition! This is not a trivial discovery — it will simplify things quite a bit, because the 1772 version of Histoire des deux Indes is much easier to track with Google Books. So stay posted for much more news. Anyway, here's that passage on the Pope:

Il est vrai que le Pape Alexandre III déclara que des Chrétiens devoient être exempts de servitude ; mais il ne fit cette déclaration que pour plaire aux rois de France & d'Angleterre, qui vouloient abaisser leurs vassaux. La religion Chrétienne défend si peu la servitude, que dans l'Allemagne Catholique, en Bohême, en Pologne, pays très-catholiques, le peuple est encore esclave, sans que l'Eglise le trouve mauvais.

(*) Nicholas Phillipson. Adam Smith. An Enlightened Life. London: AllenLane, 2010, p. 209.
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Friday, March 29, 2013

HISTOIRE DES DEUX INDES & STRUENSEE: A HYPOTHESIS
"...les Danois furent devenus la propriété d'un chef unique" — Raynal

AM | @HDI1780

Voltaire, writes Jonathan Israel, "was among those who responded enthusiastically [to the 1771 events in Denmark] penning an Épître à sa majesté le Roi de Danemarc, sur la Liberté de la Presse accordée dans ses États, which was immediately printed in both French and Danish versions in Copenhagen" (*). The authors of Histoire des deux Indes did not appear to share that enthusiasm. In his Tableau de l'Europe (1774), Alexandre Deleyre —who does write about Gustav III's coup d'État in Sweden— fails to mention the events in Denmark. In fact, he writes, "Les Russes & les Danois n’ont pas les mêmes préjugés, quoique soumis à un pouvoir également arbitraire" (p. 11).

& & &

In his large-scale revision of the Tableau for the third edition of HDI, Diderot remains largely silent on this issue. He does add some important fragments on Russia, and he decides to tone down Deleyre's celebration of mixed government — clearly reflecting the impact of events in North America (1, 2, 3). Here's my hypothesis: while Diderot may have supported the substance of Struensee's reforms, he disliked the manner in which they were carried out. In fact, he warns readers about the dangers of enlightened despotism in a passage added to the discussion of Denmark:

Un premier despote juste, ferme, éclairé, est un grand mal; un second despote juste, ferme, éclairé, seroit un plus grand mal; un troisième qui leur succéderoit avec ces grandes qualités seroit le plus terrible fléau dont une nation pourroit être frappée. On sort de l’esclavage où l’on est précipité par la violence; on ne sort point de celui où l’on a été conduit par le tems & par la justice. Si le sommeil d’un peuple est l’avant-coureur de la perte de sa liberté; quel sommeil plus doux, plus profond & plus perfide que celui qui a duré trois règnes, pendant lesquels on a été bercé par les mains de la bonté? (HDI 1780, xix.2, p. 41).

Can we conclude that Struensee's efforts were supported mostly by the moderates, while receiving only scant support from the radicals? Things were more complicated than that. Diderot was still reeling from the shock provoked by Maupeou's coup in early 1771. Again, Voltaire supported the move against Parlements, while Diderot pointed to the damage done to the balanced constitution and to the notion of judicial independence (see his letter to princess Dashkoff). And we must not forget how warmly he praised the notion of forme judiciaire, which he deemed as important as the substance of the law:

Regina mundi forma.

Was not Struensee's government by decree a blatant violation of forme judiciaire? Was it not on that account similar to Maupeou's gouvernement arbitraire? These are all important questions that remain unanswered. But sometimes silence speaks volumes.

(*) Jonathan Israel: "Libertas Philosophandi in the Eigthteenth Century: Radical Enlightenment versus Moderate Enlightenment (1750-1776)", in Elizabeth Powers (ed.) Freedom of Speech.The History of An Idea. Bucknell University Press, 2011, pp. 1-19.
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Thursday, March 28, 2013

FOUR SHORT LINKS
"Peuples, ne permettez donc pas à vos prétendus maîtres de faire, même le bien, contre votre volonté générale" — Deleyre

AM | @HDI1780

[1] Helvétius. Felicito desde aquí a José-Manuel Bermudo por la primera traducción de De l'esprit al castellano. El profesor Bermudo es un incansable divulgador de los ilustrados radicales. Los lectores de este blog tal vez recuerdan que desde aquí notamos la gran influencia de Helvétius sobre algunos puntos importantes de la Histoire des deux Indes, en particular en lo relativo al liderazgo político (1, 2, 3). Queda mucho trabajo por hacer sobre este punto. Afortundamente, ahora tenemos una herramienta más.

(*) Claude-Adrien Helvétius. Del espíritu [1758]. Barcelona: Editorial Laetoli, 2013. Traducción de José-Manuel Bermudo. [web].
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[2] Ferguson. There is a new intellectual biography of Adam Ferguson, by Ian McDaniel (*). In his Essay on the History of Civil Society (1767), Ferguson rejects the idea of trade humanism that is so forcefully expressed in the first two editions of Histoire des deux Indes. From the editors: "Democratic forces, intended as a means of liberation from tyranny, could all too easily become the engine of political oppression—a fear that proved prescient when the French Revolution spawned the expansionist wars of Napoleon". Did Raynal and/or Diderot read Ferguson as they toned down their optimism about trade in the 1780 edition of HDI?

(*) Ian McDaniel. Adam Ferguson in the Scottish Enlightenment. Harvard, 2013. [web][Jeffrey Collins: "A Skeptical Modern", Wall Street Journal, 25 March 2013].
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[3] Hegel. "Hegel remained a 'Raynalist' throughout his life", writes Susan Buck-Moors in her widely debated 2009 book on Hegel and Haiti (*). But it was Denis Diderot who penned the chapters in Book XI of Histoire des deux Indes that caused such a deep impression on the young Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Ms Buck-Moors also notes that Hegel "was fascinated, perhaps terrified" by Adam Smith's account of pin making in Wealth of Nations (p. 5). Here again we see the influence of the co-authors of HDI: it was Alexandre Deleyre's article EPINGLE in Encyclopédie that inspired the Scottish economist.

(*) Susan Buck-Moors. Hegel, Haiti, and Universal History. University of Pittsburgh Press, 2009.
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[4] Struensee. I have just discovered this essay on Johann Friedrich Struensee's rise and fall (*). The author, Jonathan Israel, notes that "The removal of such restrictions [press freedom] was also the goal in the early 1770s of Diderot and of such writers as Naigeon, Raynal, Deleyre and others of their circle". This is a fascinating episode indeed. While I am all in favor of Struensee's ideas, it is perhaps worth reflecting about the manner in which he introduced them — decrees. One can guess from the lack of enthusiasm displayed by Diderot —who fails to mention Struensee in his revision of Deleyre's Tableau de l'Europe—, that he had little taste for such "gouvernement arbitraire" (see HDI 1780, xix.2, p. 41).

(*) Jonathan Israel: "Libertas Philosophandi in the Eigthteenth Century: Radical Enlightenment versus Moderate Enlightenment (1750-1776)", in Elizabeth Powers (ed.) Freedom of Speech.The History of An Idea. Bucknell University Press, 2011, pp. 1-19.
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Friday, March 22, 2013

JOHANN FRIEDRICH VON STRUENSEE (1737-1772)
"...an astonishly ambitious program of political and social reform" — Jonathan Israel

AM | @HDI1780

El otro día fuimos con Claudia a ver "Un asunto real" (En kongelig affære, 2012), película danesa dedicada a los últimos años de la vida de Johann Friedrich von Struensee, el reformista alemán que introduce en 1770, en Dinamarca, el primer decreto de libertad de prensa, además de muchas otras reformas 'ilustradas'. Siempre me interesó de manera especial el Siglo de las Luces. Tuve la suerte, como historiador, de descubrir muchas de las fuentes utilizadas por Mariano Moreno, el más ilustrado defensor rioplatense de los ilustrados [ver].

La aventura de Struensee —se convierte en amante de la reina y desde esa posición logra introducir las reformas— muestra hasta qué punto las ideas de los philosophes franceses forman la base de una acción política concreta. El final de Struensee es ... de terror. Los conservadores prevalecen; tras un simulacro de juicio a comienzos de 1772, el verdugo le corta las manos y la cabeza ante miles de espectadores. Struensee estaba particularmente influenciado por las ideas de Claude-Adrien Helvétius, autor del best-seller Del espíritu (1758). Helvétius es un autor interesante. Hace muchos años compré los cinco tomos de sus obras en una librería de usados, ya desaparecida, en la calle French en Buenos Aires, en una edición de 1795. Terminé de leerlas el año pasado.
 
* * *
 
Del espíritu acaba de ser traducido al castellano por José-Manuel Bermudo, el incansable divulgador de los 'ilustrados radicales' [ver]. Estoy convencido que Joseph Schumpeter se inspira en Helvétius en sus ideas sobre el carácter del innovador [ver]. (Schumpeter lo cita en su History of Economic Analysis, pero solamente como precursor del utilitarismo). En el Río de la Plata, Gregorio Funes y Mariano Moreno eran asiduos lectores de este simpático philosophe ultra-sensualista, gran promotor de la libertad de prensa. De hecho, Moreno se inspira en una cita de Tácito en Del espíritu para el lema de la Gazeta de Buenos-Ayres.
 
 
¿Y la película? No es gran cosa, a pesar de buenas actuaciones. Los conservadores parecen una caricatura. De todas maneras, vale la pena verla, si es posible en el original. (La traducción castellana es un desastre). Dinamarca es hoy universalmente vista como una de las naciones más prósperas y mejor gobernadas del mundo. Hay cada vez más estudios dedicados al problema de Getting to Denmark. Lo mínimo que puedo asegurar, en el país de Mariano Moreno, es que sin libertad de prensa jamás llegaremos ... a Dinamarca.

Ver las páginas dedicadas a Struensee por Jonathan Israel en A Revolution of the Mind. Radical Enlightenment and the Intellectual Origins of Modern Democracy (Princeton, 2010, pp. 75-77) y en Democratic Enlightenment. Philosophy, Revolution, and Human Rights 1750-1790 (Oxford, 2011, pp. 823-826). Sobre la idea de "llegar a Dinamarca": Francis Fukuyama. The Origins of Political Order, Vol. 1 (New York: Farrar, Strauss & Giroux, 2011) [web] (ver).
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Tuesday, January 15, 2013

PATHÉTIQUE !
« Quelle autre nation a son Raynal? » Diderot

AM | @HDI1780

Je suis en train de ré-écrire mon livre sur l'Histoire des deux Indes. La nouvelle version incorporera les plus importantes trouvailles du blog. Je remarque aussi que nombre d'auteurs, probablement menés par leurs éditeurs, choisissent ou bien de raccourcir drastiquement leurs chapitres, ou bien d'y introduire de nombreuses divisions. Voilà sans doute une des conséquences de l'essor du numérique; en tout cas, mon texte aura maintenant beaucoup plus d' « air » entre chaque section.

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En ce moment, je réécris le chapitre dédié au style de l'HDI. Il a pour titre: « Pathétique ! ». En voici la matière première:

. Diderot : « Imaginez les situations les plus pathétiques ; si elles sont mal menées, vous n'intéressez pas ». INTÉRÊT (Littérat.). Encyclopédie, Tome 8. Livourne, 1773, p. 746. Les situations doivent être menées !

. Diderot : Salon de 1764. Voir les nombreuses références au pathétique, en particulier à propos de Jean-Baptiste Greuze, mais aussi de Baudoin, à qui il reproche « d'avoir réduit un événement pathétique à un incident qu'on devine à peine » [voir].

. Diderot : « Il est une loi de nature, et une loi inviolable et éternelle, c’est qu’on ne peut être pathétique qu’après avoir été sensé ; celui qui voudrait commencer par être pathétique, ou s’adresser à mon cœur, à mes passions, avant que de s’être adressé à mon jugement, à ma raison, ne serait à mes yeux qu’un frénétique à qui il prendrait subitement un accès ». Compte-rendu de Des recherches sur le style par Beccaria [voir]

. Diderot : « ....combien un pareil spectacle n'eût-il été plein d'intérêt & d'instruction pour un Locke, un Buffon, un Montesquieu ! Quelle lecture eût été aussi surprenante, aussi pathétique que le récit de leur voyage ! », HDI 1780, vi.1, p. 3. À remarquer l'importance de l'élément surprise dans le pathétique. C'est l'influence de Montesquieu ! (article « Goût » ).

. Diderot : « ... & il arrangeoit son histoire ou son mensonge de la maniere la plus merveilleuse, la plus pathétique , la plus propre à lui donner à lui donner de l'importance ». HDI 1780, ix.5, p. 21. Encore une fois : l'histoire doit être « arrangée ». Il n'y a rien de spontané dans le pathétique.

. Diderot : « J´ai lu l'apostrophe à Louis XVI ; elle est simple, pathétique respectueuse et noble ... Mon jugement est celui de deux littérateurs qui se connaissent en éloquence, et qui jugeaient l'abbé sine ira, sine studio». Lettre apologétique de l'abbé Raynal à Monsieur Grimm, 1781. À noter: Tacite est toujours présent lorsqu'il s'agit de l'éloquence.
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Thursday, December 27, 2012


SON PITTOR ANCH'IO: SÉNÈQUE-DIDEROT, OU DIDEROT-ATTALI
"Je ne veux pas qu'on mente devant la justice" Denis Diderot

AM | @HDI1780

Le Diderot de Jacques Attali ressemble énormément au Sénèque de Denis Diderot: voilà le principal mérite de Diderot ou le bonheur de penser (Paris : Fayard, 2012). Écrivain et conseiller politique de haut niveau, M. Attali se raconte lui-même à travers les 513 pages de cette étonnante biographie. Sénèque-Diderot ou Diderot-Attali: c'est là tout l'attrait du livre. Car l'auteur est particulièrement bien placé pour comprendre les émotions qui jalonnent la carrière de l'écrivain-conseiller jalousies sans fin, ambitions secrètes, attentes frustrées. Le Verbatim de l'ancien conseiller de François Mitterrand évoque le dialogue entre l'encyclopédiste et Catherine II, reproduit dans les Mélanges.

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Fasciné par son personnage, M. Attali avoue qu'il aurait « adoré avoir un ami comme lui ». Denis Diderot est présenté comme un « immense écrivain et un formidable penseur » ; son oeuvre est « une des plus extraordinaires aventures de l'esprit humain ». M. Attali va vite, très vite : les descriptions d'articles, d'ouvrages, d'amours et de voyages se succèdent à un rythme soutenu. Les idées vont dans toutes les directions : philosophie, économie, sexe, théâtre, anatomie, biologie et bien d'autres. Il en résulte un texte riche, fourmillant de pistes à suivre et de références à retenir. Le contexte global est toujours présent : l'essor de la Grande-Bretagne (« nouvelle superpuissance européenne »), le déclin relatif de la France et de la Chine, la Révolution outre-Atlantique.

L'aventure de l'Encyclopédie, racontée au présent, est une des parties les plus réussies du livre. Quelques vingt articles font l'objet de brefs commentaires, toujours très utiles. Et puis tous les personnages qui comptent sont au rendez-vous : Diderot père et frère, Toinette et les soeurs Volland, d'Holbach et Helvétius, les abbés Raynal et Galiani, les libraires Le Breton et Panckoucke, Damilaville et Voltaire, Catherine II et la princesse Dashkoff. Grimm et Rousseau sont les deux grands méchants. (Je ne suis pas un fan de Jean-Jacques, loin de là, mais tout le monde paraît s'acharner contre le citoyen de Genève : Michel Onfray, Jonathan Israel, Philipp Blom, María José Villaverde, et maintenant Jacques Attali...).

Mais il est un peu dangereux de vouloir aller trop vite. Sous la forme de répétitions et d'imprécisions parfois gênantes, M. Attali paye le prix de son rythme vertigineux. Claude-Adrien Helvétius est, paraît-il, un « obsedé sexuel ». Diderot ne l'aime pas. Soit. Mais à quoi bon le répéter ? Raynal est-il mort dans la misère ? Certainement pas. La Convention de Philadelphie, convoquée en novembre 1787 ? Il y a tout juste deux mois que ses travaux ont fini. Et puis on aimerait lire davantage d'analyse, en particulier sur le différend Voltaire-Diderot à propos du chancellier Maupeou (1771) et de l'importance attribuée à la « forme judiciaire ».

Je compte revenir, ici-même, sur certains aspects de Diderot ou le bonheur de penser. En attendant, M. Attali, qui vient de réussir un excellent portrait de l'encyclopédiste, pourra dire, à l'instar de son illustre personnage: Son pittor anch'io.
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Tuesday, December 25, 2012

L'ENCYCLOPÉDIE, RAYNAL & LE PARLEMENT
"L'usurpateur Cromwel" — Boucher d'Argis

AM | @HDI1780

À ajouter au dossier Raynal-Encyclopédie: les articles CHAMBRE BASSE ou CHAMBRE DES COMMUNES et CHAMBRE HAUTE DU PARLEMENT D'ANGLETERRE (1753) [voir], tous deux signés Antoine-Gaspard Boucher d'Argis, ne mentionnent qu'une seule source — l'Histoire du Parlement d'Angleterre de Guillaume-Thomas Raynal. À la fin du premier article, Boucher d'Argis écrit: Voyez l'Hist. du parl. d'Angleterre, par M. L. Raynal. Dans les deux cas, Cromwell (avec un seul « l »),  est considéré comme un usurpateur.

. Encyclopédie: « Si les deux chambres ne peuvent se concilier, leur délibération est nulle. Il faut aussi le consentement du roi. »

. Raynal: « Si les deux Chambres ne peuvent s'accorder, la déliberation est nulle. Leur consentement, quand même il seroit unanime, ne suffit pas sans celui du Roi. » (p. 360).

. Encyclopédie: « Les historiens d'Angleterre, en parlant du haut clergé & de la haute noblesse, font remonter l'origine du parlement jusqu'aux premiers successeurs de Guillaume le conquérant : mais le nom de parlement ne commença à être utilisé qu'à Oxford en 1248 ; & ce n'est qu'en 1264 qu'il est fait mention pour la première fois des communes...»

. Raynal: « ...le Parlement remonte jusqu'aux premiers successeurs de GUILLAUME le Conquérant. Si par le mot de Parlement, on n'entend que le nom même, il a commencé à Oxford en 1248. Mais si par Parlement, on entend une assemblée composée des trois Corps du Royaume,  il faut en fixer l'origine à l'évènement de 1264. » (p. 98).
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Wednesday, December 19, 2012

FRANKLIN VU PAR HOUDON ET ... FEUCHTWANGER
"Der Marmor sagte nicht die ganze Wahrheit" — Lion Feuchtwanger

AM | @HDI1780

En 1947, Lion Feuchtwanger publie Waffen für Amerika, un long roman historique sur les aventures parisiennes de Pierre Caron de Beaumarchais et de Benjamin Franklin pendant la Guerre pour l'indépendance des États-Unis. Tous les romans de Feuchtwanger portent deux titres: Der Amerikanische Emissär dans ce cas-ci. La liste des dramatis personae est imposante: Louis XVI, Marie-Antoinette et Joseph II; Vergennes et Maurepas; Franklin, Deane et Adams; Lafayette, Condorcet, Turgot et Mme Helvétius; Beaumarchais, sa soeur, sa femme, et ses contacts dans le monde des affaires.

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Je re-feuillète les deux tomes, sans trouver d'allusion à Guillaume-Thomas Raynal. Par contre, voici la réaction de Franklin lorsqu'il découvre son buste sculpté par Houdon (1779):

Die Büste war nicht groβ und beherrschte trotzdem das Zimmer. Sie war realistisch, der gebuckelte Schädel war da, die starken Furchen quer über der Stirn und die Nase erlang, das schwere Kinn, der groβe Sack des Doppelkins, die dicken Augenbrauen, die tiefen Falten unter den Augen. Es war der Benjamin Franklin, das Paris liebte und bewunderte. Welcher war der richtige Franklin?

Der marmorne mit seiner Klarheit und Reinheit? Oder der alte, gistische mit dem wuchernden, verwitternden Fleisch und dem Schorf und der Müdigkeit und der Wirrnis seines Innern? Der Marmor sagte nicht die ganze Wahrheit. Der Marmor log. Der alte Benjamin Franklin war keineswegs abgeklärt, keineswegs voll Hoheit und Würde. Er war voll von trüben Süchten und Leidenschaften.
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Saturday, December 15, 2012

FOUR SHORT LINKS
"Diderot sera probablement le seul philosophe des Lumières à voir son étoile grandir" — Jacques Attali

AM | @HDI1780

. Jacques Attali. J'ai acheté, à l'aéroport Charles de Gaulle (je suis maintenant à Buenos Aires), le livre de Jacques Attali Diderot ou le bonheur de penser (Paris: Fayard, 2012). Un défaut qui caractérise plusieurs études sur Diderot est le peu d'importance accordée à sa participation à l'Histoire des deux Indes (Lepape, Blom). Nous verrons bien: je n'en suis qu'à l'année 1760. En tout cas, le récit de M. Attali ne manque pas de rythme — un vrai plaisir à lire.

. Philipp Blom. I recently finished reading Philipp Blom's A Wicked Company. The Forgotten Radicalism of European Enlightenment (New York: Basic Books, 2010). I thouroughly enjoyed it. I have marked at least 21 passages as "sympa", my own particular way of selecting re-readable material. I don't agree with critics who argue against M. Blom's mix of biography and philosophy. In fact, I couldn't get enough of it! However, if we read the book from the perspective of Histoire des deux Indes, some serious problems emerge. Time permitting, I will deal with some of those issues in the blog.

. Maximilien Robespierre. ¡Otro libro netamente pro-Robespierre! Se trata de la monumental novela histórica de Javier García Sánchez. Robespierre (Barcelona: Galaxia Gutenberg, 2012). La trama comienza en 1792, lo que elimina el affaire Raynal de mayo de 1791. Decididamente, las acciones del Incorruptible están en alza: ver. Ver también Carlos Martínez Shaw: "El rostro sin cabeza de Robespierre", El País, 8 de diciembre de 2012.

. Kenta Ohji. Ann Thomson sur le livre Raynal et ses réseaux : « ...la longue étude très fouillée de Kenta Ohji, consacrée à "Raynal, Necker et la Compagnie des Indes" [...] montre de façon convaincante l’importance du débat autour de la Compagnie des Indes dans la genèse de l’oeuvre, les liens entre son auteur et Necker et leur évolution entre la première et troisième édition. Cet article constitue une contribution importante à la connaissance de l’oeuvre et de son insertion dans son contexte économique et politique. » [voir]. Tout à fait d'accord !
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Friday, December 7, 2012

1 SAMUEL 8
"Voyez dans la Bible le discours de Samuel au peuple" — Diderot

AM | @HDI1780

L'apostrophe aux Hottentots est l'un des textes les plus intéressants de l'Histoire des deux Indes. Le 16 septembre 1810, Mariano Moreno en fournit la première traduction espagnole dans les pages de la Gazeta de Buenos-Ayres. (En l'attribuant à Jean-Jacques Rousseau, en 1968, l'historien Enrique de Gandía contribuera au mythe de l'influence décisive de Rousseau sur le secrétaire de la Junte). Ce texte, qui ressemble par endroits au discours du vieillard tahitien dans le Supplément au Voyage de Bougainville, renvoie le lecteur au fragment de l'Ancien Testament qui leur sert d'inspiration: 1 Samuel 8.

Diderot pense au juge d'Israël lorsqu'il rédige ses Observations sur le Nakaz : « Voyez dans la Bible le discours de Samuel au peuple » (No. 74). Dès les années 1771-1772, il est à la recherche de textes portant sur les conséquences du gouvernement despotique. C'est pourquoi il relit Tacite et ... la Bible. En effet, Samuel décrit l'inévitable destruction de vie et de propriété qui découle de l'établissement de la monarchie. « Samuel fut devenu vieux », lit-on le vieillard tahitien est sa réincarnation. A noter l'emploi du futur dans les deux cas:

« ... ils se jetteront sur vos troupeaux ... » (HDI 1780, ii.18, p. 259) 
 
« Il prendra la dîme de vos troupeaux, et vous-mêmes serez ses esclaves. » (1 Samuel 8)
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« ...ils corromperont vos femmes... » (HDI 1780, ii.18, p. 259)
 
« Il prendra vos filles...» (1 Samuel 8)
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«...usurper vos champs..» (HDI 1780, ii.18, p. 259)

« Vos champs, vos vignes, et vos oliviers les meilleurs, il les prendra...» (1 Samuel 8)

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